Bernard Sobel découvre le théâtre au Berliner Ensemble à Berlin dans les derniers mois de la vie de Brecht. À Paris, il réunit un collectif de travail installé à Gennevilliers avec, au début, le seul soutien de la municipalité. Devenu en 1982 Centre dramatique national, le Théâtre de Gennevilliers se veut depuis l'origine “un lieu de partance et de protestation, lieu par excellence relatif”, pour reprendre une belle définition de Bruno Bayen. Avec plus de soixante-dix mises en scène depuis 1964, Sobel et son équipe ont souvent révélé des auteurs pas ou peu connus en France. Par ailleurs, Bernard Sobel a signé de nombreuses mises en scène d'opéra et a réalisé pour la télévision française des documentaires, des fictions originales et des enregistrements de mises en scène. Il a également créé en 1974 la revue théâtre/public. Bernard Sobel et son équipe étaient à Avignon en 2001 avec Ubu et Denis Lavant, qui interprète aujourd'hui Galy Gay, le héros d'Un homme est un homme.
UN HOMME EST UN HOMME
Brecht écrit Un homme est un homme sur les ruines de l'humanisme bourgeois dans l'immédiat après-guerre 14-18. Ce massacre de masse de la jeunesse du continent, cette violation généralisée des valeurs du monde occidental, cette remise en cause de l'ordre du monde ancien (redécoupage géographique des pays, changements brutaux des régimes politiques, bouleversement des hiérarchies sociales), tout cela le conduit – avec d'autres – à essayer de penser l'Homme dans des termes nouveaux et d'imaginer les conditions nécessaires à un nouveau départ. L'homme nouveau rêvé par certains n'est jamais nulle part advenu. Et aux ruines de l'humanisme bourgeois sont venues s'ajouter celles de l'humanisme communiste. Revenir dans ce contexte à cette expérimentation théâtrale d'un jeune homme du début de l'autre siècle, c'est reprendre avec son aide, et dans l'incertitude, un chantier toujours ouvert. Galy Gay sort de chez lui un beau matin pour faire les courses, laissant madame à la maison. Et le petit bonhomme de rien du tout, après une certaine rencontre et toute une série de métamorphoses et d'épreuves, se transforme en un chef de guerre accompli. Transformation peut-être moralement critiquable, mais très avantageuse du point de vue de l'intéressé. Que cette capacité à changer soit positive restera pour Brecht un postulat, sinon un dogme. Il reviendra sur la pièce à plusieurs reprises, atténuant la métamorphose du civil en tueur sans jamais la supprimer.
Distribution
mise en scène Bernard Sobel
en collaboration avec : Michèle Raoul-Davis
traduction : Bernard Chartreux, Eberhard Spreng et Jean-Pierre Vincent
avec : Michel Bompoil, Pascal Bongard, Éric Caruso, Éric Castex, Mohamed El Hayani, Farid Fadavi, Christine Gagneux, Matthias Girbig, Denis Lavant, Jérémie Lippmann, Damien Witecka
décor : Tina Maselli
costumes et accessoires : Jacqueline Bosson
réalisation des costumes : Odile Mahoudeau
son : Bernard Vallery
assistante à la mise en scène : Mirabelle Rousseau
Production
production : Théâtre de Gennevilliers
avec la participation artistique : du jeune théâtre national
avec le soutien : de la Ville de Gennevilliers, du Conseil général des Hauts-de-Seine et de la Région Île-de-France
texte publié par : l'Arche éditeur sous le titre "Homme pour homme"