Conçues comme des installations, les pièces de l'auteur et metteur en scène allemand René Pollesch analysent les conditions de vie et de travail sous les signes du néolibéralisme et de la globalisation. À travers son théâtre, il s'interroge sur les stratégies de survie individuelles par des temps de fragilisation économique. Directeur artistique du Prater, petite salle de la Volksbühne dirigée par Frank Castorf, René Pollesch a inventé une forme éloignée des structures conventionnelles de récit et imposé sa marque de fabrique : des dialogues à haut débit criblés de citations de sociologues, un engagement corporel sans ménagement de la part des comédiens étroitement associés à ce théâtre de “l'agit-pop”.
Pablo au supermarché Plus
C'est une invitation au dépaysement, géopolitique et théâtral, auquel René Pollesch nous convie. Dans un espace scénique formé par trois camions conteneurs – élaboré par Bert Neumann, l'inventif scénographe de la Volksbühne – où l'on peut suivre entre autres les développements d'un “clip” permanent sur un grand écran, Pablo vivote de son petit boulot d'employé de supermarché discount, dont les structures de travail sont proches de celles d'une ville du tiers-monde développée et asphyxiée qui sert aujourd'hui de modèle social et urbain aux métropoles occidentales. Pablo, entouré d'une sorte de communauté solidaire, vit dans sa quotidienneté de cobaye laborieux les contrats de travail falsifiés, les “conventions collectives” biaisées, le syndicalisme dévoyé ou empêché qui ont débarqué sur le vieux continent. Pablo au supermarché Plus est le dernier volet d'une trilogie démarrée avec Telefavela et Svetlana dans la favela. Calqué sur les telenovellas brésiliennes, feuilletons kitch multipliés à l'infini, le soap opera de René Pollesch devient une ruse, un détournement de forme et de fond, un cheval de Troie pour introduire la subversion à travers une forme simple et universellement répandue. Ici, le public assiste aux tribulations improbables, délirantes et hilarantes du personnel d'une supérette allemande dont le flot continu de paroles survoltées contourne toutes les frontières de la hiérarchie et de la géographie pour en inventer de nouvelles.
Distribution
texte et mise en scène : René Pollesch
avec : Inga Busch, Christine Groß, Gordon Murphy Kirchmeyer, Susanne Strenger, Volker Spengler
scénographie : Bert Neumann
costumes : Nina von Mechow
vidéo : Ute Schall
Production
production : Ruhrfestspiele Recklinghausen
en coproduction avec : leFestival d'Avignon, la Volksbühne am Rosa-Luxemburg-Platz Berlin, le Rotterdamse Schouwbourg
avec le soutien : de l'Onda pour les surtitres
© photo Thomas Aurin