Wolf

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Archive 2003

Alain Platel

Belgique

Présentation

Une meute de chiens traverse le plateau. Une dizaine de bêtes, dans la Cour d'honneur du Palais des papes, rôdent, tournent, aboient, grognent, s'endorment. Les chiens de Wolf dressent pour Alain Platel le portrait d'un temps sous la menace, d'une société régie par la peur. Menace politique ou économique. Peur sociale sans cesse et partout manipulée. Auteur, chorégraphe, meneur de troupe, le Flamand oppose à l'effroi et à la crainte incarnés par les chiens, la joie de vivre et l'apparente gaieté musicale de Wolfgang Amadeus Mozart. La partition frivole, enlevée, le légendaire “trop de notes” et l'exubérance du jeune homme de la fin du xviiie siècle percutent l'actuel et trouble début d'un nouveau millénaire. Excentrique et jouisseur, Mozart tentait de composer pour les voix des femmes des partitions d'ordre orgasmique, provoquant pour elles des jouissances vocales. Voluptueuse, sensuelle, sa musique prend parfois des accents mélancoliques. Multiple, l'homme était aussi un révolté, lutteur acharné et pourfendeur des ordres établis. Contestataire véhément de l'autorité d'un père trop appliqué à modeler son petit parfait musicien. L'enfant Wolfgang, Wunderkind malgré lui, fuyait parfois, dit-on, les leçons et ses compositions pour se réfugier dans la Kärtnerstrasse. Avec d'autres rejetons, formant une petite harde farouche, il s'accompagnait d'une meute de chiens, chassait les rats, s'inspirant bientôt de ses activités sauvageonnes pour composer la Petite Musique
de nuit.Le jeune Mozart, garçon ordinaire doublé d'un génie musical, aimait à entendre les passants siffler sa musique dans la rue. “Une musique populaire”, mêlée aujourd'hui par analogie à des images de palais viennois fastueux, et d'une Autriche baroque. “Dans Iets op Bach, raconte Alain Platel, en proposant une autre manière de représenter la musique de Bach, nous avons pu la faire découvrir à beaucoup de gens qui la croyaient inaccessible. Dans Wolf, nous allons également jouer avec les images qui soutiennent habituellement ce répertoire. J'associais Mozart à l'image de femmes en perruques, assises autour d'un thé. J'y associais une bourgeoisie atroce qui a récupéré cette musique. Je veux jouer avec ces préjugés.”Enfant de Gand, ancien élève de Barbara Pearce, licencié en sciences psychologiques et pédagogiques, Alain Platel, dès 1984, participe au collectif Les Ballets C. de la B. Après Tristezza complice, Bernadetje, Iets op Bach ou Tous des Indiens, il conduit ici une nouvelle troupe de jeunes danseurs, acteurs et performers à la fougue exceptionnelle dans une peinture déchaînée du monde contemporain. Emblème patrimonial d'Avignon, le Palais des papes accueille en son centre un bâtiment moderne. Une structure d'acier et de béton. Des échafaudages, un rideau grillagé. Deux étages apparentés aux centres commerciaux qui ceinturent les grandes villes, champignons des périphéries urbaines. Le décor, signé Bert Neumann, installe au cœur historique de la ville l'un des emblèmes de sa banlieue. Là, les musiciens et chanteurs interprètent une trentaine de pièces choisies du répertoire mozartien, mêlées à des morceaux de variété internationale. D'horizons divers, les danseurs ont eux-mêmes construit Wolf autour de leurs histoires personnelles. Les envies, les passions, les nécessités et les contradictions de chacun ont pris place sur le plateau, catalysées par le meneur de jeu, sous le regard de la dramaturge Hildegard De Vuyst et de la chorégraphe Gabriela Carrizzo. “La danse pure ne m'intéresse pas, explique Alain Platel. Je veux confronter des individus qui ont des manières singulières de se mouvoir. Ce sont les individus, plus que leurs capacités gestuelles, qui m'intéressent et qui m'attirent. Mais ce n'est jamais suffisant. Ils ont tous une passion plus ou moins liée au mouvement. C'est leur confrontation, les uns aux autres, qui est passionnante.”

Distribution

sur des musiques de: Wolfgang Amadeus Mozart
mise en scène Alain Platel
dansé et créé par :Quan Bui Ngoc, Franck Chartier, Serge Aimé Coulibaly, Raphaëlle Delaunay, Lisi Estaràs, Elizabeth Estaràs Roisman, Grégory Kamoun Sonigo, Necati Köylü, Samuel Lefeuvre, Michael Lumana, Juliana Neves, Simon Rowe, Kurt Vanmaeckelberghe, Serge Vlerick
chanteuses :Marina Comparato, Aleksandra Zamojska, Johanette Zomer
orchestre :Klangforum Wien
direction musicale et arrangements :Sylvain Cambreling
chorégraphie :Gabriela Carrizzo
dramaturgie :Hildegard De Vuyst
scénographie: Bert Neumann
costumes :Lies Van Assche

Production

Coproduction :Les Ballets C. de la B. (Gand), Ruhrtriennale (Allemagne), Opéra national de Paris
Avec la participation :du ministère de la Communauté flamande

Infos pratiques