Vieillard impotent, Don Juan sévit encore. En robe de chambre, l'homme aux élans pathétiques s'entoure de trois femmes, grâces plantées au pilori d'une séduction perdue. Enfermés dans une bâtisse vétuste de Buenos Aires, ils s'affrontent dans leur huis-clos quotidien en répétant les scènes usées d'un vieux théâtre familial. Ensemble, ils coiffent des perruques bon marché, enlacent des rideaux de velours cramoisi, jouent et rejouent des scènes de Don Juan. Ils croient que, peut-être, ces répétitions cachent un écho plus profond.Là où ça fait le plus mal fonctionne comme un récit simple. Pourtant, Ricardo Bartís s'attaque au mythe, à cet os rongé et vidé de sa substance par déjà tant d'écrits. Il s'interroge sur les condamnations morales et sociales infligées à celui qui rompt l'ordre établi. “Du mythe de Don Juan, il ne reste que quelques guenilles, des versions de versions, mal tournées, alambiquées. Il ne pourra donc pas y avoir de \'pièce de théâtre', cette naïve aspiration à une œuvre totale. Seulement des restes, des délires, des phrases mal apprises, des gestes vides regardés avec humour et compassion. Et cette lutte atroce et sans pitié où les corps sont soumis à l'écrit, où cette expérience volatile qu'est l'acte théâtral reste figée dans l'éternité de l'écriture.” Ricardo Bartís, figure de proue du théâtre indépendant argentin depuis le milieu des années quatre-vingts, avait présenté en 1999 au Festival d'Avignon Le péché que l'on ne peut nommer, d'après deux romans de Roberto Arlt.
Distribution
mise en scène Ricardo Bartís
avec :Analía Couceyro, Gabriela Ditisheim, Fernando Llosa, María Onetto
assistant :Adolfo Agopian
musique :Carmen Baliero
lumières :Jorge Pastorino
Production
Production :El Sportivo Teatral (Buenos Aires)
Coproduction: Festival d'Avignon, Holland Festival (Amsterdam), Hebbel-Theater (Berlin), Théâtre national de Chaillot et Festival d'Automne à Paris, Bonlieu-Scène nationale Annecy
Avec le soutien :de l'Onda pour les surtitres