Aborder Lorenzaccio est un redoutable privilège, un pari devant lequel on demeure longtemps songeur, avant de s'y lancer. Quand on s'y lance, c'est une aventure sur tous les plans. Alfred de Musset a rêvé en 1833 une pièce excédant toutes les normes et tous les codes de son temps, y compris ceux de la génération romantique en pleine ébullition. Il a plongé dans une histoire de l'Histoire, celle de l'assassinat en 1536 du tyrannique Alexandre de Médicis par son cousin Lorenzo. Il a suivi pas à pas les détails fourmillants des chroniques historiques. Cependant il a produit l'œuvre la plus personnelle et la plus véritablement déchirée de notre romantisme. Le Léviathan politique que nous présente Lorenzaccio est un monde luxuriant et noir. Ici, pas d'heureux dénouement qui, malgré la mort du héros, nous réconcilierait. Du fond de sa solitude, Musset nous adresse à tous – encore aujourd'hui – une série d'avertissements, et nous tend des miroirs. A nous de nous y regarder, si nous voulons, nous qui vivons au même titre que lui, en une époque où le passé est en ruines et l'avenir en gestation bien incertaine. La Florence imaginaire de Musset ressemble en bien des points à la France des années 1830, telle qu'il l'a vécue : cette invasion ecclésiastique, cet étalement de la corruption, cette humiliation après les gloires napoléoniennes, ce sentiment d'étouffement de la jeunesse. Mais c'est aussi par là qu'elle se projette vers l'avenir et nous rejoint. Lorenzo, ange et pourriture, concentre en lui la tension centrale qui traverse toute la pièce et les autres personnages : d'un côté la corruption omniprésente, de l'autre l'angélisme étouffé qui anime tous ceux qui voudraient “faire quelque chose”. La réponse finale de Musset n'est pas optimiste, mais avons-nous besoin d'optimisme, ou bien de franchise ? Et avons-nous besoin de théâtre bien ficelé, ou de ce genre de monstre qui file dans plusieurs directions à la fois, qui se fiche pas mal des unités de temps, d'action, de lieu, qui fonce tête baissée dans les sécurités de l'écriture classique. Peu importe à Musset ce qui en résultera : son théâtre est irrecevable en son temps. C'est à l'avenir qu'il prétend s'adresser. Son imprudence/impudence s'est donné quelque chance de vibrer encore longtemps.
Jean-Pierre Vincent
Distribution
mise en scène Jean-Pierre Vincent
dramaturgie : Bernard Chartreux
décor : Jean-Paul Chambas
costumes : Patrice Cauchetier
lumière : Alain Poisson, Eric Argis
son : Philippe Cachia
chanson de : Giomo Olivier Angèle
maquillages : Suzanne Pisteur
assistantes :
Sophie Lecarpentier (mise en scène)
Carole Metzner (décor)
Céline Marin (costumes)
maître d'armes : Bernard Chabin
LES MEDICIS (et apparentés) : Richard Sammut (Alexandre de Médicis, duc de Florence), Jérôme Kircher (Lorenzo de Médicis " Lorenzaccio ", son cousin), Sarah Taradach (Côme de Médicis, son cousin), Madeleine Marion (Marie Soderini, mère de Lorenzo), Laetitia Vitteau (Catherine Ginori, tante de Lorenzo), Olivier Angèle (Giomo le Hongrois) et Fabien-Aïssa Busetta (Julien Salviati)
LES CIBO : Eric Frey (Le Cardinal Cibo), Louis Merino (Le Marquis Cibo), Valérie Blanchon (La Marquise Cibo) et Estelle Lesage (Agnolo, page)
LES STROZZI : François Clavier (Philippe Strozzi), David Gouhier (Pierre Strozzi), Luc Marbot (Léon Strozzi, prieur de Capoue), Xavier Clion (Thomas Strozzi), Alexandra Giuliano (Louise Strozzi) et Guy Parigot, Vincent Mourlon, Louis Merino, Fabien-Aïssa Busetta, Philippe Crubézy, Pierre Gondard, Bernard Ferreira, Xavier Tchili, Luc Marbot (Les convives)
LES COMPLICES DE LORENZO : Bernard Ferreira (Scoronconcolo) et Vincent Mourlon (Tebaldeo)
LES POLITIQUES : Philippe Crubézy (Sire Maurice, chancelier des Huit), Xavier Clion (Cardinal Baccio Valori, commissaire apostolique), et Xavier Tchili (Roberto Corsini, provéditeur de la forteresse)
• Seigneurs et bourgeois républicains : Pierre Gondard (Palla Rucellaï), Bernard Ferreira (Alamanno Salviati), Luc Marbot (François Pazzi), Louis Merino (Bindo Altoviti) et Pierre Gondard (Baptista Venturi)
• Membres des Huit : Fabien-Aïssa Busetta (Guiccardini), Luc Marbot (Corsi), Louis Merino (Niccolini), Xavier Tchili (Vettori) et Guy Parigot (Acciaiuoli)
LES GENS DU PEUPLE : Guy Parigot (L'orfèvre), Pierre Gondard (Le marchand), Estelle Lesage, Sarah Taradach (Deux écoliers / pages), Vincent Mourlon (Maffio), Philippe Crubézy, Pierre Gondard (Deux moines), Louis Merino, Xavier Tchili (Deux bourgeois), Olivier Angèle, Luc Marbot, Xavier Clion, Philippe Crubézy (Les bannis), Philippe Crubézy (Un officier de police), Bernard Ferreira (Un soldat), Vincent Mourlon, Alexandra Giuliano (Deux visiteurs) et Estelle Lesage, Alexandra Giuliano (Deux étudiants)
Jérôme Kircher, qui s'est blessé à la cheville, interprète, momentanément, le rôle de Lorenzo avec l'aide d'une canne.
régisseur général : Bernard Steffenino
régisseur lumière : Alain Abdessemed
régisseur son : Sophie Buisson
électricien : Jean-Christophe Soussi
chef habilleuse : Pauline Famelart
habilleuse : Sylvie Régnier
machinistes : Jean-Georges Dhenin, Joachim Fosset
réalisation des décors : Ateliers Nanterre-Amandiers
responsable de la construction du décor : Dominique Hugot
chef ateliers : Jean-Pierre Druelle
constructeurs : Aïssa Allaoui, Hugues Blanchard, Patrick Buisson, Emmanuel Briand, Christian Brienne, Mohamed Chaouih, Gildas Cotonéa, Hélène Courmont, José Fonchain Isabelle Gressier, Philippe Kerrien, Olivier Ménard, Mohamed Razzaki, Salah Zemmouri
chef atelier décoration : Alwyne de Dardel
peintres décorateurs : Philippe Binard, Vincent Dangoise, Philippe Escudé, Federica Giaretta, Jean-Paul Lethelier, Agnès Wichegrod
sculpteur : Marie Potvin
régisseur général adjoint chargé des accessoires : Jean-Claude Fiems
régisseur accessoires : Jean-Claude Fiems
réalisation des accessoires : Emmanuel Briand, Charlotte Groc
couturières : Jocelyne Cabon, Patricia Faget, Françoise Frapsauce, Agnès Lamourre, Odile Marti, Isabelle Périllat, Ateliers Caraco Canezou, Ateliers Saadejian, Madame Bijoux
décoration des costumes : Véronique de Groër
modiste : Maryse Roussel
Production
production : Théâtre Nanterre-Amandiers, Centre dramatique national de Savoie
avec le soutien de : la ville de Nanterre, du conseil général des Hauts-de-Seine et du conseil régional d'Ile-de-France
en coproduction avec : le Festival de Marseille, le Festival d'Avignon, Bonlieu-scène nationale d'Annecy, l'Espace Malraux-scène nationale de Chambéry et de Savoie, le Quartz-centre dramatique national et chorégraphique de Brest, la Filature-scène nationale de Mulhouse, le ThéâtreduNord, le Théâtre des Treize vents-centre dramatique national de Montpellier-Languedoc-Roussillon, le Théâtre national de Bretagne-Rennes, le Théâtre Maxime Gorki-scène nationale de Petit-Quevilly