Je me suis demandé ce que pourrait devenir le personnage d'Hamlet dans le monde moderne ; à l'heure où toutes les lois morales, religieuses et sociales qui soutenaient les liens de Shakespeare sont pratiquement abolies ; à l'heure où l'on ne parle même plus des "droits de la chair" tant ils ont perdu leur forme revendicatrice pour s'installer dans la consécration il semble qu'il y ait entre Hamlet et sa mère une situation nouvelle, qui vaut la peine d'être traitée dramatiquement.
D'autre part I' "échec" d'Hamlet ne peut plus être le même. Hamlet de Shakespeare ne perd que la vie, et il caresse sa mort dès le monologue du premier acte: il sait tout avant de commencer. Aujourd'hui un Hamlet de 21 ans, même s'il croit tout savoir, a beaucoup de choses à apprendre de sa mère, et il ne peut plus être vaincu par la chair et le monde, sans être aussi gagné ! Au moment où il découvre qu'il est impossible de vivre sans une loi morale, il est déjà trop engagé pour renoncer à la vie. C'est à la conscience qu'il renonce. Et ceci, pour un héros qui a toujours personnifié la conscience, est une assez bonne façon de se détruire.
Pour rendre plus sensibles les différences que quatre siècles me paraissent apporter ou problème, j'ai choisi une intrigue initiale très voisine de celle de Shakespeare. Au moment où le rideau se lève, on répète la scène des comédiens.
Maurice Clavel
Distribution
Mise en scène de Jean Vilar
Robes de chez CARVEN
Avec
Jeanne Moreau (Madeleine)
Jean Leuvrais (Léopold)
Michel Bouquet (Jean)
Dagmar-Gérard (La mère de Madeleine)
Germaine Montero (La mère de Jean)
Production
Production: Cercle d'échanges artistiques internationaux
Création dramatique présentée dans le cadre d'Une Semaine d'art en Avignon organisée par le Cercle d'échanges artistiques internationaux