En 2013, le Théâtre National de Grèce invitait Olivier Py à mettre en scène la dernière pièce de Yannis Mavritsakis : Vitrioli. Le metteur en scène et le poète s'étaient rencontrés une année auparavant lorsqu'Olivier Py avait mis en espace Le Point aveugle avec France Culture. Vitrioli est une histoire de famille sur fond de crise, de guerre intime. Elle parle de la Grèce d'aujourd'hui, mais d'une façon indirecte ; elle parle de l'humain mais sans concepts économiques ou politiques. Elle fait le constat d'une catastrophe, celle d'un monde où plus rien n'est possible, d'une génération sacrifiée, qui se meurt sans se révolter. Elle présente un garçon conscient de ne rien pouvoir faire, conscient de ne jamais pouvoir se soustraire aux désirs des uns et des autres (potentielle petite-amie, mère, hermaphrodite, pope, médecin, inconnu). Il accepte d'être l'objet des fantasmes, des projections névrotiques, des peurs... Si l'auteur assume l'héritage de la tragédie antique, sa pièce est plus noire que celles des anciens. Le salut ne vient de nulle part, ni d'en haut, ni du dedans, ni de l'art, ni de la parole. Et le pessimisme de Vitrioli est à la mesure de sa lucidité, dans une absence totale de cynisme et de posture moralisatrice. Mavritsakis tend un miroir à la situation de son pays et à l'inquiétude d'une jeunesse totalement déspiritualisée. Ce miroir est présent dans le dispositif bi-frontal de la scénographie, où les spectateurs, tel un choeur, se voient dans les autres assister à la catastrophe, dans un décor de boue et de lumière.
"Vitrioli", extraits
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