Dans un temps que l'on devine très proche du nôtre, une ville qui évoque fortement Athènes, occupée par une armée étrangère, est le théâtre d'événements violents. Une voix anonyme interpelle le « citoyen ». Elle l'invite à procéder à diverses interventions sur son propre corps (rasage, castration, changement de sexe...) tenant un discours où pointe une liturgie orthodoxe détournée. Des didascalies sauvages viennent traverser les scènes, convoquant un monde chaotique. Humains, animaux, objets et matériaux, mobilier urbain, abstractions et sentiments se croisent et s'agrègent. Michel Raskine entraîne un groupe de neuf élèves-comédiens dans l'aventure de cette pièce à l'écriture jaillissante et maîtrisée, distanciée et charnelle. Avec les acteurs, il propose une dimension chorale et individuelle. Pour le metteur en scène, le pays, la ville, en proie aux tourments de Manolis Tsipos, parlent forcément de nos peurs, de nos lieux. Les images qui nous parviennent de Grèce depuis deux ans – manifestations, répressions policières violentes, montée de la pauvreté et de l'extrême droite – ne viennent pas, cependant, se superposer à la parole de l'auteur. L'atelier-spectacle de la promotion 26 de l'École de la Comédie de Saint-Étienne se nourrit aussi de l'esthétique de deux poètes grecs aux extrêmes du temps : Eschyle et Théo Angelopoulos.
"Nature morte", extraits
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