Tout est sombre. La mère s'inquiète dans la pauvre cabane. La nuit entière, elle veille, imaginant le pire pour son mari parti pêcher de quoi nourrir les cinq enfants qui dorment. Quand enfin elle décide d'aller voir sur la côte si un mât se signale, elle passe devant la cabane décrépite d'une autre mère, celle-là veuve et malade. Elle entre, et trouve un désastre... Aucune déclaration de principe dans l'hymne à l'adoption que porte Les Pauvres Gens de Victor Hugo. Pourtant l'héroïsme ordinaire dépeint dans ce poème est pour Denis Guénoun une vision concrète de bonté et d'éthique. Le metteur en scène, invité conjointement par l'Institut Supérieur des Techniques du Spectacle et par le Festival d'Avignon à diriger le travail de fin de formation des machinistes et régisseurs de la promotion 2014, est lié depuis l'enfance à l'alexandrin de Victor Hugo. Véhicule des valeurs de la République à l'école, le poème Les Pauvres Gens était lu et appris jusqu'aux années 1960 sur tout le territoire français, dont l'Algérie où Denis Guénoun a grandi. Aussi a-t-il pensé, pour fédérer un groupe de professionnels du spectacle qui ne sont pas acteurs, que la contrainte formelle pouvait être un tremplin, et les images nombreuses un point d'exigence vers lequel se hisser. Définissant la poésie comme la capacité de voir en tout acte concret un possible transport, Denis Guénoun propose aux techniciens de s'en faire une loi : par leurs savoirs et leurs moyens pratiques, transfigurer le réel pour qu'advienne le théâtre.
"Les Pauvres Gens", extraits
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