« Nous sommes tous des Grecs », écrivait le poète anglais Shelley, fasciné comme Hölderlin par la civilisation hellène. Mais la Grèce poétique que traverse le héros Hypérion est à la fois celle de l'Antiquité et celle contemporaine du poète, une Grèce qui lutte pour redevenir indépendante et pour quitter l'Empire ottoman. Roman épistolaire, roman philosophique, roman politique, roman d'amour, Hypérion est à la fois un hymne à la jeunesse, à sa fougue, à son engagement, mais aussi un constat pessimiste. Pour Marie-José Malis, cette dualité correspond bien à l'actuel état du monde, particulièrement dans notre Europe en crise. Il faut donc, comme Hypérion, partir à la recherche des « possibles », à la recherche des principes sur lesquels on peut, peut-être, repenser « le » et « la » politique. Avec sa version adaptée d'Hypérion, elle imagine un dialogue sensible avec les spectateurs à l'écoute des mots du poète, pour ne pas céder au nihilisme, pour faire revenir « la jeunesse du monde » sans pour cela effacer les déceptions et les embûches. « Vivre sur terre comme des dieux », souhaiter un destin héroïque pour tous ceux qui luttent, assumer qu'il n'y a pas de révolution sans poète, voilà ce qui se dissimulerait derrière cette Grèce adorée, mère de toutes les patries. Marie-José Malis, en empruntant les mots de Hölderlin pour en faire du théâtre, trace les pistes d'un possible nouveau chemin, exigeant, exaltant et périlleux.
"Hypérion", extraits
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