Épopée, saga, fresque historique, aventure théâtrale au long cours, odyssée dramatique... Quel qualificatif employer pour cet événement qui rompt avec les habitudes et oblige à sortir des calibrages et des conventions d'un théâtre qui parfois semble s'étioler, se réduire, se censurer lui-même ? Thomas Jolly propose à « la communauté éphémère » des acteurs et des spectateurs dix-huit heures de représentation pour suivre presque pas à pas la vie du roi d'Angleterre Henry VI, à travers trois pièces et quinze actes, en côtoyant cent cinquante personnages, historiques ou sortis de l'imagination de l'auteur, en assistant à deux guerres et aux multiples conflits de famille qui ont émaillés les années de règne de ce roi trop bon et trop pieux. Dans le chaos d'une époque en plein bouleversement, entre un Moyen Âge finissant et une époque moderne qui peine à sortir des limbes, William Shakespeare compose une trilogie complexe. Thomas Jolly et ses comédiens font le choix de s'en emparer et offrent un spectacle total. Ils nous installent dans un univers qui se joue des repères historiques et refuse toute forme de reconstitution, utilisant tous les genres possibles de représentations, passant de la farce au burlesque, de la comédie au drame et à la tragédie. Nous sommes conviés à une fête du théâtre. Un théâtre haletant et énergique qui se construit dans une simplicité de moyens. Un théâtre qui permet de magnifier la force du verbe shakespearien. Un théâtre « populaire » comme l'entendait Victor Hugo : « Il y a deux manières de passionner la foule au théâtre : par le grand et par le vrai. Le grand prend les masses. Le vrai saisit l'individu. »
"Henry VI", extraits
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