Depuis plusieurs années, Robert Cantarella «fait le Gilles», c'est-à-dire redonne voix aux cours que Gilles Deleuze dispensait dans les années 80 à l'Université de Vincennes et à celle de Paris-VIII. Muni d'un système d'oreillettes, l'acteur reprend mot pour mot les paroles du philosophe avec son intonation, son rythme, ses hésitations, ses suspensions et toutes les inévitables scories inhérentes au mode oral. Pour autant, Robert Cantarella ne pastiche pas Gilles Deleuze. Il s'en fait la fidèle copie sonore, le fidèle passeur, transmettant ses idées en les incarnant de façon éphémère au plus près de sa voix, cette voix si particulière qui facilitait la compréhension de son cheminement intellectuel. Passée dans un autre corps, la pensée en quelque sorte « déterritorialisée » de Gilles Deleuze – pour emprunter aux concepts du philosophe – en ressort plus vivante, jubilatoire et nécessaire que jamais. Pour le Festival d'Avignon, Robert Cantarella a choisi de proposer deux séminaires constitués de cinq cours chacun : le premier sur l'anti-Œdipe, célèbre notion développée avec le psychanalyste Félix Guattari, et le second sur cinéma et pensée. Entre théâtre et philosophie, une expérience nouvelle : la passion de la pensée à haute voix. LP