La poésie, celle de Christian Olivier comme celle de grands auteurs, a toujours été un élément central dans l'histoire des Têtes Raides, dont de nombreux albums comportent la mise en musique d'un poète « invité ». En 2010, lors de la célébration du centenaire de Jean Genet à l'Odéon-Théâtre de l'Europe, Christian Olivier présente une lecture musicale dédiée à l'auteur. C'est alors que naît l'idée de réaliser un spectacle entièrement consacré aux poètes qui depuis longtemps le nourrissent, Corps de mots. Pour Christian Olivier, les mots sont de la matière. Par un double mouvement, ils emplissent les corps et ne prennent vraiment vie qu'en passant par la chair. Si dans ce concert le livre est là, au centre, visible et respectable, la musique des Têtes Raides modifie le rapport à ces textes denses : le sens surgit des sens. À une forme d'hommage s'ajoute une volonté de faire découvrir ou réentendre des textes parfois peu lus. Se faisant « courroies de transmissions », les membres des Têtes Raides offrent à Marina Tsvetaieva, Antonin Artaud ou Philippe Soupault un autre support que la page : des cordes et des cuivres, une énergie acoustique, pour les faire résonner, re-sonner, ou sonner autrement. Réunies par leur commune recherche de beauté, les phrases de Desnos, Dagerman, Rimbaud, Dubillard, Lautréamont ou Apollinaire, s'adoucissent au son du violoncelle ou prennent un air enjoué grâce à une clarinette. Pour preuve, Ginette, chanson phare du groupe, ne résiste pas à s'immiscer dans cette fête.
"Corps de mots", extraits
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