Thierry Bedard et Jean-Luc Raharimanana
Céramiste de formation, scénographe et régisseur, Thierry Bedard participe à plusieurs collectifs théâtraux avant de fonder l'Association Notoire en 1989, qui deviendra notoire en 1994. Travaillant sur des textes littéraires contemporains, il procède par cycles de spectacles répondant à une même thématique : Pathologies verbales, sur l'origine des langues puis sur l'ordre du discours pour lequel il convoque et adapte, entre autres, Michel Leiris, Michel Foucault, Jean Paulhan et René Daumal ; Minima Moralia, sur la violence sociétale ; Argument du menteur, sur la violence politique ; La Bibliothèque Censurée, en hommage et en soutien au Parlement international des écrivains. Suivront Éloge de l'analphabétisme et enfin le cycle de l'étranger(s), dont font partie Les Cauchemars du gecko. Engagé, le théâtre de Thierry Bedard tient du politiquement incorrect. Irrespectueux mais salutaire, il « porte à la connaissance » et cherche à faire partager une vaste réflexion sur les mensonges et les faux-semblants qui trop souvent nous empêchent de comprendre les rapports de force qui régissent notre monde. Au Festival d'Avignon, Thierry Bedard a déjà présenté en 2004 En enfer et trois leçons de poétique QesKes 1 / 2 / 3, d'après l'œuvre de l'auteur iranien Reza Baraheni.
Après des études de lettres à l'université d'Antananarivo, Raharimanana crée à l'âge de vingt-deux ans sa première pièce, Le Prophète et le Président, immédiatement censurée par l'État malgache. Titulaire d'un prix RFI, lauréat d'une bourse, il arrive alors en France où il entreprend des études d'ethnolinguistique et devient enseignant, tout en poursuivant ses activités littéraires à travers poèmes, romans, nouvelles et pièces de théâtre, tous liés à son pays natal. Son écriture violente, lyrique et imagée trouve sa source dans les paysages de son île, dans ses traditions orales de contes et de récits comme dans sa riche mythologie. Réflexion sur l'histoire tragique de Madagascar, aux prises avec la terrible et meurtrière colonisation française - il est l'auteur de 47 -, puis avec la pauvreté, la violence et la corruption, son œuvre n'en est pas moins empreinte d'une douceur sensuelle et passionnée comme d'un humour ravageur. Dépassant largement les frontières, ce travail de mémoire et de témoignage fait de Raharimanana un auteur indispensable de l'Afrique contemporaine