Steven Cohen
Pour Steven Cohen, l'intime est radicalement politique. Le performeur, qui se définit lui-même comme «sud-africain, blanc, juif et homosexuel», fouille ainsi avec minutie les greniers comme son passé, à la recherche des objets, formes et matières qui composent, sur le plateau ou dans ses films, un univers à la fois poétique et militant. Loin d'être narcissiques, ses mises en scène de son corps et de sa propre histoire constituent le support d'une exploration des failles et des grâces de l'humanité. Avec des maquillages ultrasophistiqués et des costumes excentriques qui dévoilent plus qu'ils ne cachent, Steven Cohen se travestit, ou plutôt se métamorphose en une créature aussi inquiétante que colorée. Apparaître constitue un geste fondateur de son art : en chandelier dans un township de Johannesburg, juché sur des talons-crânes au cœur de Wall Street dans Golgotha, nu tatoué d'étoiles de David pour une performance dans la cour du Musée de la résistance à Lyon. En faisant irruption sur scène ou dans l'espace public, il crée une brèche dans notre quotidien et dans notre esprit, non pas pour nous faire trébucher mais pour nous forcer à nous arrêter. À faire face, ensemble, à l'indifférence qui gagne du terrain parmi nos sociétés. Le Festival d'Avignon l'invite pour la première fois.
RB, avril 2012