Éric Vigner
Depuis 1990, Éric Vigner développe une pratique théâtrale qui s'appuie fortement sur le choix des auteurs, classiques ou contemporains, qu'il veut faire entendre et sur la recherche de formes esthétiques capables de faire naître une scénographie d'aujourd'hui, en lien avec les lieux qu'il investit et le mouvement général des arts. C'est sans doute à sa double formation – études d'arts plastiques et Conservatoire national supérieur d'Art dramatique – qu'il doit la spécificité de sa démarche. Si Dubillard et Duras ont longtemps été ses compagnons de route, il s'est aussi intéressé à Hugo, Corneille et Shakespeare, sans compter Molière qu'il présente à Séoul en 2004, Beaumarchais qu'il fait entendre à Tirana en 2007 et Koltès qu'il met en scène à Atlanta en 2008, témoignant de son intérêt pour les projets internationaux lui permettant de croiser d'autres langues, d'autres pratiques, d'autres publics et d'autres interprètes. Ces rencontres lui ont donné le désir d'imaginer à Lorient, dont il dirige le Centre dramatique national depuis 1996, une «Académie», un espace de transmission, de recherche et de production, où il fait travailler ensemble des acteurs venus de différents horizons. Projet expérimental et laboratoire de théâtre, cette aventure réunit des acteurs originaires du Maroc, de Corée du Sud, de Roumanie, d'Allemagne, de Belgique, du Mali et d'Israël, apportant avec eux leur histoire et leur culture. Ce projet sur trois ans leur a permis de se confronter à des écritures singulièrement différentes : La Place royale de Corneille, Guantanamo de Frank Smith et aujourd'hui La Faculté, pièce écrite pour eux par Christophe Honoré, qui marquera la troisième participation d'Éric Vigner au Festival d'Avignon, après Brancusi contre États-Unis en 1996 et Pluie d'été à Hiroshima en 2006.
JFP, avril 2012