Cette famille tue des fascistes. C’est une tradition suivie, sans exception, par chaque membre de la famille depuis plus de 70 ans. Aujourd’hui, ils se réunissent dans une maison à la campagne, au sud du Portugal, près du village de Baleizão. Une des plus jeunes de la famille, Catarina, va tuer son premier fasciste, kidnappé pour l’occasion. C’est un jour de fête, de beauté et de mort. Cependant, Catarina est incapable de tuer ou refuse de le faire. Un conflit familial éclate, suivi de plusieurs questions. Qu’est-ce qu’un fasciste ? Y a-t-il une place pour la violence dans la lutte pour un monde meilleur ? Pouvons-nous violer les règles de la démocratie pour mieux la défendre ?
« La pièce tente de faire ce qui me semble être une des forces vitales du théâtre : créer des personnages qui nous permettent de considérer autrement nos existences, à la lumière de ce que ces personnages disent, de ce qu’ils font et de leurs modalités d’action. Nous sommes partis de cette famille, en questionnant la place de la violence au sein d’une société démocratique face à la menace d’une pensée et d’une action antidémocratique. Face à l’imminence d’une dictature. Nous voulions que ces questionnements nous mettent également au défi. Qu’ils ne soient pas source d’apaisement, uniquement là pour nous conforter dans les valeurs que nous pensons partager – alors que ce n’est probablement pas le cas; nous croyons les partager, puis nous sommes régulièrement surpris du résultat des élections. Si ces valeurs nous relient à une échelle humaine et personnelle, à une échelle sociale, l’interprétation et la manipulation des idées, la façon dont nous participons à la vie civique nous séparent bien souvent en tant que citoyens. Nous ne voulions donc pas d’une pièce apaisante, qui nous conforte, ou même qui présuppose la pensée et les convictions du public. Nous voulions une pièce qui dérange, quelles que soient les convictions de ceux qui la regardent. Qu’elle soit plaisante, naturellement, mais qu’elle puisse aussi nous déstabiliser. Et pour cela, nous devions nous sentir déstabilisés en premier. J’ai cherché à provoquer cette étincelle de malaise dans toutes les répétitions. Ces journées de malaise passées à manipuler ces éléments de travail m’ont beaucoup effrayé, mais cela m’a aussi rendu très enthousiaste. Nous avons voulu créer des personnages complexes, un texte et une intrigue qui ne soient pas manichéens dans leur approche du monde, sans chercher à manipuler le public. Une pièce qui utilise les outils du théâtre pour transporter le public dans un voyage fictionnel et réflexif. Ainsi, tous les moments où notre travail me semblait relativement intéressant ont également été les plus dérangeants, ceux qui m’ont fait le plus douter. Ils ont toujours été ceux où le malaise était palpable. Je n’ai jamais eu de réponse toute faite à ce que nous étions en train de construire. »
Tiago Rodrigues, interviewé par Maria João Guardão
Distribution
Avec Isabel Abreu, Romeu Costa, António Fonseca, Beatriz Maia, Marco Mendonça, António Parra, Carolina Passos Sousa, João Vicente.
Texte et mise en scène Tiago Rodrigues
Collaboration artistique Magda Bizarro
Scénographie F. Ribeiro
Lumière Nuno Meira
Costumes José António Tenente
Création, design sonore, musique originale Pedro Costa
Chef de chœur et arrangement vocal João Henriques
Voix off Cláudio de Castro, Nadezhda Bocharova, Paula Mora, Pedro Moldão
Conseillers en chorégraphie Sofia Dias, Vítor Roriz
Conseiller technique en armes David Chan Cordeiro
Traduction Thomas Resendes (français), Daniel Hahn (anglais), Vincenzo Arsilio (italien), Igor Metzeltin (allemand)
Surtitrages Patrícia Pimentel
Production
Production Teatro Nacional D. Maria II (Lisbonne)
Production déléguée Festival d’Avignon
Coproduction Wiener Festwochen (Vienne), Emilia Romagna Teatro Fondazione (Modène), Théâtre de la Cité - CDN Toulouse Occitanie & Théâtre Garonne Scène européenne Toulouse, Festival d’Automne à Paris & Théâtre des Bouffes du Nord, Teatro di Roma – Teatro Nazionale, Comédie de Caen, Théâtre de Liège, Maison de la Culture d'Amiens, BIT Teatergarasjen (Bergen), Le Trident – Scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin, Teatre Lliure (Barcelone), Centro Cultural Vila Flor (Guimarães), O Espaço do Tempo (Montemor-o-Novo).
Avec le soutien d'Almeida Garrett Wines, Cano Amarelo, Culturgest – Fundação Caixa Geral de Depósitos (Lisbonne), Zouri Shoes, Onda – office national de diffusion artistique
Remerciements à Mariana Gomes, Rui Pina Coelho, Margarida Bak Gordon, Rita Mendes et l’équipe du Teatro Nacional D. Maria II. Nous remercions également Sara Barros Leitão, Rui M Silva et Pedro Gil qui, même s'ils ne sont plus sur scène avec nous, resteront toujours Catarina.
Le spectacle comprend des chansons de Hania Rani (Biesy et Now, Run), Joanna Brouk (The Nymph Rising, Calling the Sailor), Laurel Halo (Rome Theme III et Hyphae) et Rosalía (De Plata).
Spectacle créé en septembre 2020 au Centro Cultural Vila Flor (Guimarães - Portugal)
Nominé dans la catégorie Meilleur spectacle international des « Premis de la Crítica » de Catalogne.
Prix UBU 2023 du meilleur spectacle étranger en Italie.
Elu Meilleur spectacle étranger 2023 par le Syndicat de la Critique.
Prix Virginia Reiter de la Meilleure Actrice Etrangère pour Béatriz Maïa, pour le rôle de Catarina