Quel(s) rôle(s) pour les festivals internationaux aujourd’hui ?

Chapitre 2

  • Rencontre professionnelle

Organisé par Festival d’Avignon, Onda, Institut français

À l’occasion de la rencontre annuelle des partenaires de l’Onda, le Festival d’Avignon, l’Institut français et l’Onda proposent un nouvel espace d’échange réunissant des festivals internationaux de différentes envergures, ancrés dans des contextes variés et provenant de plusieurs continents.

Quel(s) rôle(s) pour les festivals internationaux aujourd’hui ?, Rencontres professionnelles, 2025 © Festival d'Avignon

Présentation

À l’occasion de la rencontre annuelle des partenaires de l’Onda, le Festival d’Avignon, l’Institut français et l’Onda proposent un nouvel espace d’échange réunissant des festivals internationaux de différentes envergures, ancrés dans des contextes variés et provenant de plusieurs continents. Cette rencontre prolonge les réflexions engagées lors de l’édition 2024. Au cœur des discussions : le rôle des festivals dans la construction de futurs désirables, les dynamiques de transformation qu’ils impulsent et les liens qu’ils tissent à différentes échelles avec les territoires, les communautés et les artistes.

Comment les festivals peuvent-ils rester pertinents et responsables en temps de polycrise ? Dans un contexte marqué par le rétrécissement des espaces civiques, l’effacement culturel et les génocides, les festivals sont confrontés à une question cruciale : quelles stratégies peuvent adopter les festivals pour ne pas instrumentaliser l’art et les artistes, ni se servir d’eux comme caution morale pour se rendre acceptables ? Cette table ronde s’inscrit dans une réflexion de fond sur le rôle des festivals aujourd’hui. Elle réunira des professionnels engagés, issus de différents contextes, pour réfléchir à la manière dont ils et elles bousculent les paradigmes vacillants qui soutenaient autrefois nos institutions culturelles en Europe et dans la région SWANA (South West Asia and North Africa)*. Les discussions porteront sur des modèles de financement critiques, des approches éthiques de la programmation, des pratiques artistiques qui résistent à l’instrumentalisation, ainsi que sur les enjeux de censure, de mise au silence et d’effacement culturel. Au-delà du constat, cette table-ronde explorera des stratégies concrètes et des modèles d’action qui permettent aux festivals de continuer à agir avec intégrité, sens critique et responsabilité, dans une perspective de création collective et de transformation sociale.

*SWANA est l’acronyme de South West Asia and North Africa (Asie de l’Ouest et Afrique du Nord). Ce terme, de plus en plus utilisé dans les milieux culturels et décoloniaux, propose une alternative à des appellations comme « Moyen-Orient » ou « monde arabe », qui reflètent une vision occidentale héritée de l’histoire coloniale. SWANA permet ainsi de nommer la région à partir de ses propres réalités géographiques et politiques, plutôt que depuis un point de vue extérieur.*

Alia Alzougbi, directrice artistique et générale - Shubbak Festival (Londres, RU)

Alia Alzougbi est directrice artistique et directrice générale du Shubbak Festival. Elle est experte en stratègie culturelle, artiste et facilitatrice, œuvrant à l’intersection de l’art, de la justice sociale et de la justice environnementale. Elle a collaboré avec de nombreuses organisations nationales et internationales en tant qu’artiste et conteuse, afin de créer des espaces de réflexion critique dans les domaines de l’éducation et des arts, au service d’une libération collective – des commerces de quartier jusqu’aux musées de renommée mondiale.

Alia est lauréate de la bourse Chevening, Fellow du programme Clore Leadership et membre de la Royal Society of Arts. Avant de rejoindre Shubbak, elle dirigeait l’organisation Global Learning London, spécialisée dans l’éducation à la citoyenneté mondiale. Elle est également présidente de Maslaha, une organisation qui s’emploie à transformer et remettre en question les conditions génératrices d’inégalités affectant les communautés musulmanes, notamment dans les domaines de l’éducation, du genre, de la justice pénale, de la santé, de la représentation médiatique et du climat persistant d’islamophobie. Par ailleurs, elle est administratrice de Tamasha, un espace dédié aux artistes des diasporas, émergent·es ou confirmé·es.

Iman Aoun, cofondatrice et directrice exécutive du ASHTAR Theatre (Ramallah, Palestine)

Iman Aoun est cofondatrice et directrice exécutive du ASHTAR Theatre.
Elle est metteuse en scène et comédienne primée, avec une carrière qui s’étend au théâtre, à la télévision et au cinéma. Elle a commencé sa carrière d’actrice en 1984 avec la compagnie El-Hakawati à Jérusalem, avant de co-fonder le théâtre ASHTAR en 1991. Iman Aoun a reçu de nombreuses distinctions pour son travail de la part d’organisations et de festivals internationaux dans plusieurs pays. En 2020, elle a été finaliste du Gilder/Coigney International Theatre Award à New York. Depuis 2012, elle dirige le Festival International de Théâtre Jeunesse d’ASHTAR. Elle a écrit et publié plusieurs articles sur le théâtre en Palestine, et coécrit deux ouvrages sur la formation théâtrale. En tant qu’intervenante, elle a participé à de nombreuses conférences internationales et sommets mondiaux, et elle est membre du UNESCO Arts Lab.
Reconnue à l’international comme formatrice spécialisée dans le Théâtre de l’Opprimé, Iman Aoun est à l’initiative de plusieurs projets internationaux majeurs, dont One Hundred Artists for Palestine (2003, avec l’IETM), The Gaza Monologues (2010, relancé en 2023), The Syrian Monologues (2015), et Letters to Gaza (2024).

ASHTAR International Youth Theatre Festival (le Festival International de Théâtre Jeune d’ASHTAR) est un événement biennal qui invite de jeunes artistes de théâtre du monde entier à se réunir en Palestine. Le festival a été lancé après la tournée internationale des Gaza Monologues et reflète l’engagement d’ASHTAR en faveur de la formation théâtrale des jeunes. L’AIYTF offre une plateforme permettant aux jeunes de développer leur créativité, leur conscience de soi et leur identité, tout en favorisant le changement social. Les participants, issus de divers horizons, suivent un entraînement quotidien, collaborent à des créations et présentent leur travail au public.
Le festival promeut l’échange culturel, l’apprentissage mutuel et la liberté d’expression, en incitant les jeunes à jouer un rôle actif dans la prise de décision. Il offre aux participants internationaux une immersion dans le contexte palestinien, leur permettant de mieux comprendre ses réalités sociales et politiques. L’AIYTF lutte également contre l’isolement des jeunes palestiniens, en brisant les barrières imposées par les restrictions liées à l’occupation. Le festival encourage le dialogue constructif entre jeunes et mentors, favorise la collaboration et le développement artistique futur, tout en nourrissant une solidarité avec la Palestine.

Silvia Bottiroli, co-directrice artistique - Short Theatre Festival (Rome, Italie)

Silvia Bottiroli vit à Bologne, en Italie, et travaille de manière trans-locale comme commissaire, autrice et chercheuse dans le champ élargi des arts vivants.
Elle a été directrice artistique du DAS Theatre à Amsterdam (2018-2021) et du Santarcangelo Festival (2012-2016). Elle a également conçu plusieurs projets, dont FUORI! pour Emilia Romagna Teatro à Bologne (2022-2023), For the Time Being pour Freespace à Hong Kong (2020-2021), The May Events pour le KunstenFestivalDesArts à Bruxelles et Vooruit à Gand (2018), ainsi que Shipbuilding and other joint efforts pour le Homo Novus Festival à Riga (2015).
Ses écrits ont été publiés dans de nombreuses revues et publications internationales. Son dernier ouvrage, What Can Theatre Do, coédité avec Miguel A. Melgares, a été publié chez BRUNO en 2024.Silvia Bottiroli fait partie de la première promotion de la Rose Choreographic School à Sadler’s Wells, à Londres (2025-2026), et est co-directrice artistique du Short Theatre Festival à Rome (2025-2027).
Short Theatre est un festival pluridisciplinaire actif à Rome depuis 2006. Il s’inscrit dans les mutations des arts de la scène contemporains, en Italie comme à l’international, à travers une programmation riche et plurielle mêlant performances, installations, conférences, discussions, ateliers, concerts et DJ sets. Le festival favorise un environnement ouvert à la recherche et à l’expérimentation, propice à l’émergence de nouvelles formes de production et de circulation des savoirs artistiques. Il offre aux artistes confirmé·es comme émergent·es un espace-temps de rencontre, de dialogue et d’échange.
Depuis 2025, Short Theatre est codirigé par Silvia Bottiroli, Silvia Calderoni, Ilenia Caleo et Michele Di Stefano, dans une démarche de curation collective, pensée comme un geste à la fois artistique et politique, afin d’enrichir les possibilités d’expérience offertes par le festival aux artistes, aux publics et aux communautés.

Nathalie Garraud, co-directrice - Théâtre des 13 vents (Montpellier, France)

Nathalie Garraud est metteuse en scène. Elle fait ses premières armes dans des lieux alternatifs à Paris, où elle crée une compagnie en 1998. Jusqu’en 2006, elle mène un travail de création en bande avec de jeunes auteur.ices, acteur.ices, architectes, elle engage une collaboration avec le dramaturge Howard Barker et travaille régulièrement au Moyen-Orient avec des artistes libanais et palestiniens. En 2006, elle rencontre le dramaturge Olivier Saccomano avec qui s’ouvre un dialogue de création qui ne s’interrompra plus. Ensemble, ils conçoivent plusieurs pièces, notamment Notre jeunesse, le dyptique Othello - Soudain la nuit présenté au Festival d’Avignon, La Beauté du geste, Institut Ophélie, Monde Nouveau créé récemment au Printemps des Comédiens. Depuis 2018, ils codirigent leThéâtre des 13 vents – Centre Dramatique National de Montpellier, où ils créent la Biennale des Arts de la Scène en Méditerranée.
La Biennale des Arts de la Scène en Méditerranée est née à Montpellier en 2021 à l’initiative du Théâtre des 13 vents - CDN Montpellier. Elle est conçue par un ensemble de partenaires culturels du territoire et accueille pendant trois semaines des équipes artistiques travaillant sur les rives de la Méditerranée. La Biennale est un espace de partage des œuvres, des pratiques et de la pensée ; elle constitue aussi un outil et un levier pour l’accompagnement et la production d’artistes du spectacle vivant travaillant dans les pays méditerranéens. Rendre audible et visible la création en Méditerranée, croiser des territoires géographiques et imaginaires, partager avec toutes et tous des questions artistiques et politiques, rendre sensibles les contradictions et les espérances, c’est là l’idée, l’esprit qui anime cette Biennale.

Selma and Sofiane Ouissi, co-directeur - Dream City (Tunis, Tunisie)

Selma et Sofiane Ouissi sont chorégraphes, danseurs, pédagogues et commissaires d’exposition. Ensemble, ils développent une approche artistique fusionnant diverses disciplines pour explorer la notion de « sociétés rêvées  ». En 2007, ils fondent L’Art Rue, à Tunis, un laboratoire transdisciplinaire et transcommunautaire pensé comme un espace de recherches et d’actions. Figures majeures de la danse contemporaine dans le monde arabe, leurs créations sont présentées sur de nombreuses scènes internationales.
Dream City  est un festival pluridisciplinaire ancré dans la ville, développé de manière collaborative, avec un travail préparatoire long avant chaque édition.
À chaque nouvelle édition, des œuvres inédites sont créées en dialogue avec le moment présent — ses enjeux, ses urgences, ses défis.
Dream City se distingue par son approche singulière : des artistes tunisiens et internationaux sont invités à s’engager directement avec la ville de Tunis et ses habitant·es, en créant des œuvres contextuelles qui résonnent avec les réalités locales. Le festival s’inscrit dans une démarche de long terme : les artistes sont accompagnés sur des périodes étendues — d’un à quatre ans — leur offrant ainsi le temps et l’espace nécessaires pour s’immerger dans les spécificités sociales et politiques de la ville.Le festival se déploie dans les espaces informels de la médina de Tunis — cafés, rues, bâtiments abandonnés, places publiques. Des thèmes tels que les droits humains, la démocratie et la citoyenneté, le vivre-ensemble, mais aussi des questions liées à la gouvernance, aux crimes environnementaux et à la mémoire, sont au cœur du projet artistique.

La Rencontre Professionnelle se déroule en anglais, en français et en arabe, avec une traduction simultanée en anglais et en français.
Elle sera diffusée en direct et disponible en replay.

Distribution

Avec Iman Aoun cofondatrice et directrice exécutive du ASHTAR Theatre (Ramallah, Palestine), Silvia Bottiroli co-directrice artistique du Short Theatre (Rome, Italie), Nathalie Garraud co-directrice du Théâtre des 13 vents (Montpellier, France), Sofiane Ouissi co-directeur de Dream City (Tunis, Tunisie)

Facilitée par Alia Alzougbi directrice artistique et générale du Shubbak Festival (Londres, Royaume-Unis)

Organisé par Festival d’Avignon, Onda, Institut français

Infos pratiques