Viva Arrabal

Cette nouvelle programmation de France Culture dans le Cour du musée Calvet cultive l’idée que la littérature, la poésie et le théâtre sont non seulement des armes mais aussi une forme de prise de distance, de « dépaysement » vis-à-vis de l’actualité. « Le grand écrivain est celui qui ose s’aventurer comme Don Quichotte », dit Enrique Vila-Matas, grand invité de cette programmation. Aussi le public est-il invité à une chevauchée aux côtés de quelques œuvres emblématiques, dans la langue de Cervantès mais aussi dans celle de Diderot. Humour et fantaisie garantis.

Viva Arrabal

Jouer le jeu de l’invitation de la langue espagnole au Festival d’Avignon, amenait inévitablement à rendre hommage à l’un de ses plus grands artistes vivants, Fernando Arrabal. À 92 ans, Arrabal aura déployé sa vie à cheval sur deux siècles et deux millénaires. Souvenons-nous au moment où l’on commémore le centenaire du Manifeste du surréalisme qu’Arrabal est certainement le dernier témoin et acteur de ce mouvement. Il se dit d’ailleurs « adepte de la confusion » et dernier survivant de ce qu’il nomme « la modernité des merveilles » c’est-à-dire cet ensemble « Dada, Surréalisme, Pataphysique et Panique ». Il est aussi l’enfant de la trahison et de la douloureuse Espagne qui assassina ses citoyens. Le père et les oncles d’Arrabal ont tous été massacrés par le général Franco. Et le poète fut banni de son pays après avoir publié sa Lettre au général Franco et réalisé le chef-d’oeuvre dont tout le monde connaît la chanson, Viva la muerte. Le temps d’une soirée, nous rendrons hommage à l’homme de théâtre, au poète, au cinéaste, à l’intellectuel, au peintre, à l’homme, au citoyen courageux et à son enfance détruite par le franquisme. À partir de divers matériaux, dont sa première pièce de théâtre terriblement d’actualité, Pique-nique en campagne, nous proposerons un formidable portrait permettant aux nouveaux auditeurs de découvrir Arrabal, et à ceux qui le connaissent, l’occasion de redécouvrir une oeuvre intense, drôle, tragique, puissante, fantasque. Une heure trente pour un portrait poétique et une plongée hors-temps et arrabalesque.

Avec Hervé Pierre, Nathalie Richard, Etienne Galharague, Nassim Haddouche, et des élèves comédiens de l’ensemble 31 de l’École régionale d’acteurs de Cannes et de Marseille (ERACM) : Eliot Piette et Arron Mata
En présence de Fernando Arrabal
Réalisation Sophie-Aude Picon
Musique originale Philippe Thibault
Assistanat à la réalisation Claire Chaineaux
Émission composée par Pauline Thimonnier à partir des textes suivants : Pique-nique en campagne (1952), Baal Babylone (1959, extraits), La Pierre de la folie (1963, extrait), Lettre au général Franco (1971, extrait) et Théâtre panique IV (1967, extrait)