Portrait de l’artiste en ermite ornemental

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  • Théâtre
Archive 2023

Patrick Corillon

Belgique / Créations de 2013 à 2023

Un dispositif plastique et visuel où les histoires d’enfance se transmettent et se transforment. Une invitation à la complicité et à la rêverie.

Portrait de l’artiste en ermite ornemental, Patrick Corillon, 2023 © Christophe Raynaud de Lage

Présentation

Mais quel drôle de titre ! Et si l’ornemental ouvrait la porte sur quelque chose d’essentiel ? Patrick Corillon en fait l’expérience chaque jour. En transformant ce qui pourrait n’être que des anecdotes de vie, l’artiste plasticien et conteur belge produit des fictions à l’échelle du monde dans lesquelles le moindre objet est considéré comme un être vivant. Rien qu’en « donnant sa langue au chat », il nous entraîne dans des rêveries qui réveillent des scènes d’enfance. Les spectatrices et spectateurs complices de ces voyages imaginaires sont également invités à aller plus loin dans l’aventure en manipulant des plateaux de jeu qui les emmèneront au cœur de fantaisies capables de regarder le vrai monde droit dans les yeux. Patrick Corillon nous entraîne dans une grande traversée de la littérature et de l’histoire. Une création in situ pensée pour les Pénitents blancs en hommage à ces lieux propices à la méditation et aux temps longs qu’imposent parfois les processus artistiques. 

Jouons avec l’ermite ornemental, de Patrick Corrillon, est édité aux éditions Le Corridor.

Les histoires racontées ne sont pas les mêmes selon les spectacles :

6,7 et 8 juillet :

  • L'appartement à trous

  • Le Voyage de la Flaque

10,11 et 12 juillet :

  • Les Images Flottantes

  • Le Dessous-Dessus

L’appartement à trous

À travers les péripéties d’un jeune homme curieux de tout, le spectateur découvre la nature mythique de l’origine des langues. On dit par exemple que le polonais est la langue des feuilles. En Pologne, les arbres occupent une telle importance dans la société que la langue y est perçue comme une imitation du bruissement des feuilles. L’anglais, avec ses graves et ses aigus, est la langue qui possède le spectre sonore le plus large. Ses vibrations sont si fortes que, de toutes les langues parlées sur terre, elle seule peut avoir un impact sur la roche. Rendez-vous compte : ce que vous dites en anglais se loge dans la pierre. Dans mille ans, quelque chose se souviendra encore de ce que vous avez dit en anglais. 

 «Dans la vie, tu dois faire comme les chats, me répétait ma grand-mère. Un chat ça écoute ce qu’on lui dit, ça ne juge pas, ça ronronne et ça mène sa vie intérieure. Et puis, d’un autre côté, quand toi tu auras quelque chose à dire, quelque chose qui te tiendra particulièrement à cœur, tu le diras à ton chat. Il t’écoutera sans ciller puis il emportera tous tes mots dans sa vie intérieure. C’est un peu comme si tu plaçais tes mots à la banque. À la différence près, qu’une fois déposés, tu ne pourras plus les reprendre; ils fructifieront dans la vie du chat à un taux que tu ne connais pas. Et quand ton chat mourra, tu l’enterreras, et des fleurs ou des mauvaises herbes lui pousseront dessus. »

Le voyage de la flaque

Dans un marais qui chaque année devient de plus en plus sec, une flaque (qui, la veille encore, était une mare et le jour d’avant un étang) ne peut pas se résigner à vivre passivement sa propre disparition.

« Contrairement aux autres, il connaissait bien la nature profonde de cette bête à poils hirsutes : c’était elle qui, chaque soir, par ses yeux inquiétants, apportait les cauchemars de la nuit. Ces cauchemars où l’on tombe dans des trous immenses, où l’on se perd dans des marécages ou des forêts profondes. Et lorsqu’on veut se réfugier dans un jardin, on s’y fait dévorer par d’immenses statues qui vous transforment en pierre. Il était temps de prendre les choses en main et d’affronter l’animal de nuit. »

Les images flottantes

Un enfant fou de théâtre et de peinture est tellement habitué à voyager dans sa tête qu’il a de plus en plus de mal à nouer des contacts avec les autres. Grâce à un stage de survie dans une ancienne champignonnière, il réussira pourtant à enjamber les frontières entre monde imaginaire et réel.

« Tissez-vous ! » Alors que les autres se tortillaient comme de vulgaires chenilles désorientées, nous avions très rapidement atteint l’habilité de vers à soie expérimentés. « Tendez-vous ! » Pour nous faire éprouver la sensation d’être une toile tendue sur un châssis, l’après-midi était consacrée aux exercices d’étirement. « Peignez-vous ! » Même si cela provoquait de terribles chatouillements chez ceux qui étaient peints, il nous était interdit d’émettre le moindre rire. « Accrochez-vous ! » Après cinq minutes, nous étions devenus tout bleu. « Entreposez-vous ! » Au fond de la réserve, nous étions alignés les uns contre les autres, bras et mains le long du corps, yeux fermés. Il ne fallait penser à rien du tout

Le dessous-dessus

C’est le voyage initiatique d’un ver de terre qui, le corps englué dans une nappe d’huile de schiste fracturé, devra oublier tout ce que ses ancêtres lui ont enseigné pour apprendre à progresser par lui-même.

« Ma vie n’est qu’une illusion, dit la taupe au ver. Tout ce que j’aimerais bien tenir contre moi m’échappe des mains. Tu ne peux pas comprendre parce que tu n’as pas de bras ; mais tu vois, chez nous les taupes, c’est comme si nos bras avaient été placés à l’envers; le gauche à la place du droit et inversement. Dès qu’on veut s’emparer de quoi que ce soit, nos mains l’écartent sur le côté́. En même temps, c’est ce mouvement-là̀ qui nous fait avancer. On avance à la recherche de quelque chose qu’on ne pourra jamais obtenir. »

Entretien avec Patrick Corillon

Une exposition des œuvres de Patrick Corillon est accessible 45 minutes avant le début du spectacle.

Distribution

Avec Patrick Corillon, Dominique Roodthooft
Texte et conception
Patrick Corillon
Mise en scène
Patrick Corillon, Dominique Roodthooft
Scénographie
Patrick Corillon
Infographie et animation
Raoul Lhermitte
Collaboration à la scénographie
Chloé Arlotti, Rüdiger Flörke, Camille Henrard, Ioannis Katikakis, Laurette Lesage, Valérie Perin, Grégoire Trichon, Emma Werth
Assistanat à la mise en scène
Nora Dolmans
Coordination
Perrine Estienne
Régie générale
Julien Legros
Administration
Françoise Sougné
Traduction en anglais pour l'audio Patrick Lennon

Production

Production Le Corridor, DC&J Création
Coproduction
Communauté d’agglomération Mont-Saint-Michel-Normandie, Fundamental Monodrama Festival (Luxembourg), Mars - Mons Arts de la scène
Avec le soutien de Fédération Wallonie-Bruxelles, Wallonie Emploi et Action sociale, Wallonie-Bruxelles International, Loterie nationale (Belgique), Ville de Liège, Province de Liège, Tax Shelter du gouvernement fédéral de Belgique, Inver Tax Shelter, la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature, l’Institut français du Royaume-Uni - Cross-Channel Theatre pour la traduction audio en anglais

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