S’inspirant de l’histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l’écrivaine irlandaise se glisse dans la peau d’une adolescente nigériane. Depuis l’irruption d’hommes en armes dans l’enceinte de l’école, on vit avec elle, comme en apnée, le rapt, la traversée de la jungle en camion, l’arrivée dans le camp, les mauvais traitements, et son mariage forcé à un djihadiste – avec pour corollaires le désarroi, la faim, la solitude et la terreur.
Le plus difficile commence pourtant quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s’évader, avec l’enfant qu’elle a eue en captivité. Celle qui, à sa toute petite fille, fera un soir dans la forêt un aveu déchirant – « Je ne suis pas assez grande pour être ta mère » – finira bien, après des jours de marche, par retrouver les siens. Et comprendre que rien ne sera jamais plus comme avant : dans leur regard, elle est devenue une « femme du bush », coupable d’avoir souillé le sang de la communauté.
Dans son obstination à s’en sortir et son inaltérable foi en la vie face à l’horreur, l’héroïne s’inscrit dans la lignée des figures féminines nourries par l’expérience de la jeune Edna O’Brien, mise au ban de son pays pour délit de liberté alors qu’elle avait à peine trente ans.
- Présentation de l’éditeur
Edna O'Brien, née en 1930 dans un petit village catholique en Irlande, est romancière, nouvelliste, dramaturge et scénariste. Ses romans et nouvelles tournent autour des sentiments des femmes, prises dans le carcan de leur éducation stricte, et de leurs relations souvent frustrées avec les hommes ; la politique, l’histoire et l’amour y occupent une place prépondérante, et tous remettent en cause l’ordre moral de l’Irlande catholique et nationaliste.
Girl, a paru en septembre 2019, simultanément en français chez Sabine Wespieser éditeur et dans son édition originale chez Faber. Il lui a valu en France le prix Femina spécial pour l’ensemble de son oeuvre et en Angleterre le David Cohen Prize.
Une première version de Girl d’Edna O’Brien a été enregistrée en juillet 2020 par Sophie-Aude Picon dans le cadre de « Un rêve d’Avignon » au Studio 104 de la Maison de la radio.
Distribution
Texte Edna O’Brien (éditions Sabine Wespieser)
Traduction Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat
Adaptation Marion Stoufflet
Avec Rachel Khan et les voix de Barbara Hendricks et Irène Jacob
Réalisation Blandine Masson
Assistanat à la réalisation Claire Chaineaux