L'Enfance, sacrée ou sacrifiée ?

  • Théâtre des idées
Archive 2011

Animé par Nicolas Truong

Présentation

Sanctuaire présumé de l'innocence, l'enfance semble placée sous surveillance : celle du dépistage précoce de la délinquance et celle du consumérisme juvénile qui colonise son imaginaire. Dans nos sociétés, l'enfant est en même temps célébré et dévalué, aimé et dévoyé, protégé et menacé. Jamais la centralité de l'enfance n'a atteint une telle importance. Entre l'enfant-roi et l'enfant-proie, il faudrait faire son choix. Quelles sont les nouvelles approches psychologiques de la petite enfance ? Comment faire face aux élans et dérèglements de l'adolescence ? Quels sont les nouveaux âges et usages de la vie? Dans l'art, le motif de l'enfance s'est imposé dans la peinture et le roman comme image privilégiée de l'entrée au monde, sécurisée par la présence des adultes. À l'opposé, il prendra les couleurs de la nostalgie dans la poésie ou la musique avec le rappel du temps passé, l'évocation du bonheur évanoui. Ce que le roman privilégie, ce n'est pas la solitude de l'enfant, mais la communauté des enfants où les cloisonnements identitaires ne se sont pas encore imposés. Le théâtre, en revanche, a fait de l'enfant mort un motif essentiel aussi bien sur le plan politique qu'ontologique. Que faire face à la mort de l'enfant ? Cette question tragique et terrible traverse singulièrement le théâtre. Depuis Médée jusqu'à La Cerisaie, de Sarah Kane à Joël Pommerat, de Romeo Castellucci à Boris Charmatz, ce drame constitue une thématique théâtrale avec des variations qui vont de la vengeance sacrificielle à la stratégie politique ou au hasard tragique. Interroger la mort de l'enfance implique une réflexion douloureuse sur l'hérédité interdite ou sur l'impossible régénération, sur l'accident et le meurtre, sur le hasard et la décision délibérée. Des nouvelles façons de concevoir l'enfance à sa représentation théâtrale, une conversation sur l'enfance de l'art et l'art d'élever ses enfants.

photo © Clémence Hérout

Distribution

Georges Banu essayiste et critique théâtral
Marie-Rose Moro pédopsychiatre

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