Lecture d'extraits de Vies de deux chattes de Pierre Loti par Marie-Paule André
lu par Marie-Paule André
Au retour des lointaines contrées d'Extrême-Orient, Pierre Loti ramène dans la maison familiale une petite chatte mongole, chétive, laide, mais intelligente et à la distinction rare d'une princesse. Accueillie plus que froidement par la belle siamoise de la maison, propriétaire attitrée du domaine, elle résiste et fait le dos rond avant qu'une profonde amitié se noue entre elles. Ainsi, avec la discrétion et le caractère qui sied à leur race, Moumoutte Blanche et Moumoutte Chinoise évoluent dans la cour à la douceur désuète, dans le temps arrêté de tante Claire, dont les étangs, les poiriers et les jasmins irradient un calme fait de grâce, de respect et d'humanité. À la recherche du goût de l'enfance, l'auteur observe la vie à travers les yeux des deux chattes, qui, avec leurs mutineries, leurs ruses et leurs drames, égrènent la lenteur moelleuse et rassurante des étés. Un nid qui résume presque le monde, protection contre le vide et la mort.
« Les chats le rassurèrent, lui donnèrent l'illusion d'un bonheur calme, d'un profond dédain pour le siècle des hommes, d'une grandeur élégante dans l'indépendance et le mystère. »
Alain Quella-Villéger au sujet de Pierre Loti
J'ai connu Alain Crombecque en 1970 au Théâtre de la Cité universitaire dans un spectacle mis en scène par Victor Garcia, La Parabole du Festin de Paul Claudel. Alain était à la fois attaché de presse, administrateur, assistant. Nous sommes restés professionnellement en contact, et amis pendant quarante ans. Alain était un homme fidèle. Si j'ai choisi de lire ce texte de Pierre Loti, Vies de deux chattes, c'est en souvenir d'une anecdote amusante et de son affection pour les chats. Lorsqu'Alain a été nommé directeur du Festival d'Avignon en juin 1985, mon chat Boudu venait de naître et je devais le nourrir au biberon. M'absentant de Paris, je lui avais demandé de venir me remplacer. Aussi Alain donnait-il ses rendez-vous de travail dans un café près de chez moi et toutes les quatre heures il devait s'éclipser. « Excusez-moi, je reviens, je dois aller nourrir un chat. » Ce qui surprenait et amusait ses interlocuteurs. Merci Alain de ta fidélité tant professionnelle qu'amicale. À ta manière discrète, tu étais un artiste.
Marie-Paule André juillet 2010
Marie-Paule André est comédienne et metteuse en scène. Au Festival d'Avignon, elle a présenté Parlez-moi de vous d'après Un Corps en trop de Marie-Victoire Rouillier, mise en scène Philippe Berling, 1989 ; Edmond Jabès, la Trace, l'Exil, 1991 ; Les Dits de lumière et d'amour, avec notamment Marcel Bozonnet et André Marcon, 1992.