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Archive 2010

Jacques Bonnaffé

"La Nécessité de Ponge", montage de textes autour de Francis Ponge, conçu et lu par Jacques Bonnaffé © Christophe Raynaud de Lage

Présentation

La Nécessité de Ponge, montage de textes autour de Francis Ponge, conçu et lu par Jacques Bonnaffé

montage de textes et lecture de Francis Ponge par Jacques Bonnaffé


N'ayant pas vécu cette période d'Avignon à l'intérieur de spectacles, je pourrais y revendiquer ma part d'éducation populaire propre à Vilar et au Festival, par cette ouverture faite à la poésie, dans la célébration d'un auteur voulue à chaque édition par Alain Crombecque. Avec Ponge en 1985, moins solitaire que jamais, la poésie s'aventure en partage, parlante, dialoguante et chorale... Nous le devions à Christian Rist, au sein des groupes d'acteurs du Studio Classique, comme nous lui devons de nous avoir fait entendre remarquablement Francis Ponge (Le Savon). Il faut redire l'oubli extraordinaire, cette considération lointaine dans laquelle fut mise la prodigieuse recherche : l'athlète Ponge se reposait sous les oliviers, à quelques kilomètres d'Avignon d'ailleurs. Il a fallu le choix de certains intellectuels sans chapelle, comme Crombecque, l'envie de public et d'extases, telle qu'ont pu transmettre par leur présence et leur voix, des artistes comme Jean-Marie Villégier, Nelly Borgeaud ou Christian Rist, il a fallu cette nécessité pour nous restituer - dans son corps à corps avec la solennité ou les fantômes éthérés du surréalisme poétique français - les règles neuves et le jeu qui organisèrent toute la fabrique du poète. Jacques Bonnaffé


« Le langage ne se refuse qu'à une chose, c'est à faire aussi peu de bruit que le silence. » Francis Ponge


« On peut considérer que la louange ou le parti pris sont une des seules justifications non seulement de la Littérature mais de la Parole », écrit Francis Ponge dans Pour un Malherbe. La grande Parole d'Alain Crombecque, si l'on considère l'action engagée dans les Festivals, sera résolument celle du parti pris contre cette alternative de la louange. Cette détermination ne fait pas de lui un tribun, semble ne pas remplir ses poumons, et on le voit dissimuler sa bouche dans certaines interviews, derrière deux doigts pincés. Il se cabre, réservé. Ses yeux se défilent un peu ou, disons net, se défient de l'usurpation propre à trop d'annonceurs. Son exigence pour Avignon est celle de l'intuition juste, découvreuse, novatrice et fidèle à Jean Vilar ou aux origines ; elle se voulait un souffle, un grand souffle dans un temps où l'on préconisait déjà le choc, les coups de programme. Discrétion  maître-mot. L'homme cultivé en lui se déplace, n'oublions jamais son ouverture à l'art contemporain, aux compositeurs, aux chorégraphes, à toutes les révolutions formelles. Le théâtre français aujourd'hui, et ses spectateurs - faut-il s'en inquiéter - semblerait avisé d'embrasser tant d'expérience, et d'aller comme lui si souvent à la recherche rare. Mes images d'Alain Crombecque sont plus proches dans le temps que ces années du Festival d'Avignon dont il est difficile maintenant d'ignorer l'influence, l'ampleur de travail et la marque vivace. Moments « off » partagés avec sa femme Christine et leur fille Héléna, souvenirs composés de rituels autour de l'attachement familial, autre chantier d'Alain le constructeur. Cet homme investi dans toutes les apparences du terme, peu fier des trônes (et que personne d'ailleurs jamais n'a vu assis très longtemps), était accueillant malgré des distances craintives. Quelle tentation d'aller chercher dans Ponge son mode d'admiration pour Avignon : le Poète qui ne cède pas au lyrisme, ni à l'imprécation chantante. Celui dont la tâche paraît inscrite et qui, fixant de ne pas s'en échapper, bouleverse toutes les lignes. Retrouvant Christine Vezinet Crombecque, je lui ai proposé de me rejoindre, participer à ce montage des voix si elle en avait la force et l'envie lors de cet hommage avignonnais à celui avec qui elle aura partagé vingt-cinq ans d'amour et de vie.
Jacques Bonnaffé juillet 2010


Jacques Bonnaffé, artiste passager du Festival, OEdipe en 2009 pour Joël Jouanneau, en 1999 avec Didier Bezace pour le Colonel-oiseau. À l'époque Crombecque, il participe à des créations radiophoniques publiques menées par Lucien Attoun et répond à des invitations du Chêne Noir et de Michel Valmer. Souvent lecteur, son goût pour l'oralité poétique s'est formé avec Schiaretti, Christian Rist (La Veuve de Corneille). L'Oral et Hardi, tiré des textes de Jean-Pierre Verheggen en est l'actuel aboutissement.

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