Les traces de l'histoire

Curieuse et passionnée, spécialiste des classes populaires, Natalie Zemon Davis a mené ses premières recherches sur les ouvriers et les paysans. L'étude des lettres de rémissions, dans le cas d'homicides notamment, fournissent le point de départ des instantanés de vie qui permettent à l'historienne de « reconstituer des expériences et des histoires personnelles au-delà des doutes dont procède habituellement le positivisme historique », comme l'explique la revue Le Banquet (n°21, 2004). Natalie Zemon Davis n'a donc cessé d'interroger les traces de la grande histoire et de l'histoire singulière des individus. Ancrée dans les mouvements politiques de l'époque, intellectuelle engagée particulièrement proche de la contestation étudiante qui se développent aux États-Unis contre la guerre du Vietnam dans les années 1960-1970, elle conçoit l'histoire comme un « working process », un mouvement continuel de la vie. En dialogue étroit avec ceux dont elle restitue les émotions, les mots et les gestes, de Martin Guerre et son double aux Trois Femmes en marge, livre qui fit date dans le dialogue interconfessionnel, Natalie Zemon Davis montre comment les tragédies du XXe siècle répondent aux persécutions des guerres de religion. Devant les atrocités que nous révèle l'histoire, « l'historien fait la recherche soit d'une manière d'expliquer le choix, soit d'une façon de narrer celui-ci », explique-t-elle. Rencontre avec une historienne « plutôt conteuse que cannibale » dont le travail inspire les prochains spectacles à venir du dramaturge Wajdi Mouawad.

Avec Nathalie Zemon-Davis historienne