Discours guerriers - Parole guerrière

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Archive 2009

Avec France Culture

Discours guerriers - Parole guerrière © DR

Présentation

avec Jane Birkin, Jérôme Kircher, Hugues Quester, Bruno Blairet et le musicien Francis Jacob
sur une idée de Wajdi Mouawad
La Sentinelle texte original inédit de Wajdi Mouawad
choix des autres textes Daniel Loayza : extraits de Homère, Héraclite, Thucydide, Henri Dunant, Thomas Hobbes, Jonathan Swift, Simone Weil et Hanna Arendt et des extraits de States of War publiés par la revue Lapham's Quarterly.
Réalisation Blandine Masson


La guerre est une des préoccupations essentielles de l'œuvre de Wajdi Mouawad. Y-a-t-il des guerres justes ? Toutes les guerres se valent-elles ? La lecture, intitulée Discours guerriers, Parole guerrière que nous proposons au Musée Calvet a été conçue avec Wajdi Mouawad comme un diptyque confrontant discours et textes philosophiques à la langue du poète. Guidés dans cette élaboration par la philosophe Myriam Revault-d'Allones et le dramaturge-helléniste Daniel Loayza, nous avons choisi de vous faire entendre quelques-uns des grands textes qui ont fondé la réflexion sur la guerre, entrecoupés de discours, notations, citations (cyniques, réalistes, absurdes) recueillis dans un numéro spécial de la revue Lapham's Quarterly, consacré à la guerre States of War. En réponse à cette accumulation théorique et pratique, bâtie sur une mise en question de la force, s'élèvera la voix solitaire et vivante du poète, incarnée par Jane Birkin. Wajdi Mouawad et Jane Birkin souhaitaient depuis longtemps se rencontrer, faire un bout de chemin ensemble. Cette lecture proposée par France Culture les réunira donc pour la première fois. Blandine Masson

L'Histoire de l'humanité réclame sa part de chair et de sang pour poursuivre sa marche. Les sacrifices des hommes comme condition préalable à tout mouvement de l'Histoire. Cela nécessite une amélioration continue des techniques de destruction, une organisation, un état et du pouvoir. Cela exige en particulier des discours car cette avancée sanguinaire de l'Histoire est surtout gourmande de mots. Il faut bien articuler dans le sens, par les phrases et la pensée, la nécessité carnassière des corps démembrés, transpercés, mitraillés, déchiquetés, arrachés, brûlés. L'acte guerrier s'étant toujours voulu un acte lié à l'effort de civilisation, le discours a toujours organisé en arc de triomphe et en panthéon la mort des Hommes. Nulle réponse à cela. Nulle possibilité de rhétorique. Restent les voix fragiles pour dire autrement, chanter, à défaut de dire. Pour faire entendre le contrepoint. Une voix vivante cherchant à consoler les morts. La voix de soie de Jane Birkin, au jour où nous sommes, est de celles-là. Quand il ne reste plus de possibilités de ramener à la vie les êtres injustement disparus, subsiste encore une possible dignité, celle de la cantate, du chant, de l'oratorio, du phrasé simple, fait de mots pour dire les maux, les maux des mots, les mots des maux, enlacés, entrelacés, tissés, pliés et repliés, dépliés, impliqués, dans un geste nécessairement compliqué pour n'être compris et entendu que par ceux qui partagent la même sensibilité aux craquements inaudibles des hommes et des femmes mourant pour rien dans l'insupportable solitude des charniers. Wajdi Mouawad

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