Né en 1952 dans une famille où il était naturel de faire de la musique, Heiner Goebbels apprend à jouer du piano, de la guitare et du violoncelle et participe au trio musical amateur familial. Dans les années soixante-dix il décide de faire des études de sociologie, politiquement plus correctes que des études musicales dans le contexte de l'époque. C'est en découvrant la vie et l'œuvre du compositeur Hanns Eisler qu'il comprend l'importance politique que peut avoir la musique et qu'il crée un groupe : “l'Orchestre à vent prétendument d'extrême gauche” qui est lié aux mouvements de protestations qui se développent à Francfort. Sa carrière de compositeur le mène vers le théâtre, il compose des musiques de scène et crée des pièces radiophoniques d'après des textes de Heiner Müller. Tout en travaillant avec de nombreux metteurs en scène, notamment Matthias Langhoff, Claus Peymann et Ruth Berghaus, il compose aussi pour la danse et le cinéma et, à partir de 1988, pour L'Ensemble Modern et pour L'Ensemble Intercontemporain. Ses compositions pour de petites et grandes formations, comme par exemple Surrogate Cities, ont été jouées par de nombreux orchestres de par le monde, dont la Philharmonie de Berlin sous la direction de Sir Simon Rattle. C'est en 1993 qu'il présente sa première mise en scène de théâtre musical Ou bien le débarquement désastreux, suivie de La Reprise (Die Wiederholung d'après Kierkegaard et Alain Robbe-Grillet, 1995), Noir sur blanc (1996), Max Black (avec André Wilms, 1998), Hashirigaki (sur des textes de Gertrude Stein, 2000), Eraritjaritjaka (d'après l'œuvre d'Elias Canetti, 2004). Il crée son premier opéra Paysage avec parents éloignés en 2002 après avoir rendu un hommage à Hanns Eisler avec Eislermaterial en 1998. Ses œuvres sont jouées dans le monde entier et en particulier dans de nombreux festivals (Paris, Édimbourg, Vienne, Istanbul, Bologne, Bruxelles, Sydney, Singapour, Moscou, New York, Tokyo...) et récompensées par de nombreux prix. Heiner Goebbels vient pour la première fois avec une création au Festival d'Avignon où il a déjà été présent en tant que compositeur pour Les lieux de là de Mathilde Monnier en 1999.
Inclassable théâtre que celui de Heiner Goebbels, qui résiste à toute volonté de définition, de réduction à des codes connus et reconnus. Un théâtre cependant reconnaissable entre mille mais toujours en mouvement, d'un univers à un autre, au gré de l'imaginaire de son créateur, qui prend toujours soin de rester au contact des réalités du temps présent. Avec Stifters Dinge, le spectateur n'échappe pas à cette recherche d'une forme nouvelle à partir d'éléments composites qui s'ordonnent comme un puzzle géant. Objets, ici cinq pianos utilisés de manière surprenante, sons, musiques, de Bach aux chants indiens de Colombie, images vidéos, peintures de Paolo Ucello ou de Ruisdael, sont engagés sur le plateau et se mêlent, s'échangent, se modifient, se parlent, jouent ensemble, s'amusent et nous amusent, se surprennent et nous surprennent. Heiner Goebbels, une fois encore, sait mieux que quiconque convoquer les arts amis, pour un hommage saisissant à la machinerie théâtrale qui déplace notre regard et notre rapport à la nature. Ici le théâtre est le lieu où la parole du sociologue, du romancier, particulièrement celle d'Adalbert Stifter, de l'homme politique, Malcom X, ou de l'ethnologue rejoint celle du compositeur, le lieu où le vidéaste fraternise avec le peintre. Toujours en tension, toujours en mouvement, avec une minutie du détail qui enchante, de glissement en glissement, c'est le monde de l'illusion et du trompe-l'œil qui nous apparaît. Imperceptibles jeux de lumière qui créent un ensemble de formes troublantes, perfection d'un montage sonore qui donne toute sa force à une polyphonie surprenante. Démiurge élégant et raffiné, artisan exigeant et minutieux, chorégraphe pour objets insolites, compositeur pour instruments inconnus, Heiner Goebbels utilise les technologies les plus sophistiquées pour les mettre au service d'une pensée et d'un imaginaire qu'il offre en partage à ses contemporains. Le spectacle vivant qu'est le théâtre de Heiner Goebbels donne à voir et à entendre autrement, il nous intrigue parfois mais jamais il ne nous laisse indifférents.
Distribution
avec la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon conception, musique et mise en scène: Heiner Goebbels scénographie, lumière et vidéo: Klaus Grünberg collaboration à la musique, programmation: Hubert Machnik création espace sonore: Willi Bopp assistant et régie musicale: Matthias Mohr régisseur général: Marc Moureaux robotique: Thierry Kaltenrieder régisseurs lumière: Roby Carruba, Mattias Bovard régisseurs vidéo: Jérôme Vernez, Sébastien Baudet régie son: Andrew Mikkelsen régisseurs plateau: Fabio Gaggetta, Pierre Kissling direction technique Michel Beuchat avec la collaboration artistique et technique de l'équipe du Théâtre Vidy-Lausanne producteur délégué: Théâtre Vidy-Lausanne
Production
coproduction: spielzeit'europa | Berliner Festpiele, Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg, schauspielfrankfurt, T & M – Théâtre de Genevilliers Centre dramatique national, Pour-cent culturel Migros, Teatro Stabile di Torino coréalisateur: Artangel London avec le soutien: de Pro Helvetia - Fondation suisse pour la culture
Merci de vous rendre sur le lieu 45 minutes avant le début de la représentation. Attention les places de stationnement et l’arrêt de bus le plus proche se situent à 10 minutes à pied. Nous vous conseillons de prendre de l’avance, nous n’acceptons pas les retardataires une fois que la représentation a débuté.