Feux

de August Stramm

  • Théâtre
  • Spectacle
Archive 2008

Daniel Jeanneteau, Marie-Christine Soma

Vitry / Création 2008

Feux © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Présentation

Élève à l'École des Arts décoratifs de Strasbourg, puis de l'École nationale supérieure d'Art dramatique de Strasbourg, Daniel Jeanneteau devient, à partir de 1989, le scénographe du metteur en scène Claude Régy pour lequel il réalise, pendant plus de quinze ans, la plupart de ses scénographies. Parallèlement il conçoit des scénographies pour le théâtre et la danse pour Catherine Diverrès, Gérard Desarthe, Éric Lacascade, Charles Tordjman, Jean-Claude Gallotta, Alain Ollivier, Marcel Bozonnet, Jean-Baptiste Sastre, Trisha Brown… Après avoir coréalisé deux spectacles sur l'œuvre de Fernando Pessoa en compagnie de Clotilde Mollet et Hervé Pierre, il décide de mettre en scène ses propres spectacles accompagné par Marie-Christine Soma. À partir de 2001, il traversera ainsi les univers de Racine (Iphigénie), Strindberg (La Sonate des spectres), Sarah Kane (Anéantis), Martin Crimp et George Benjamin (pour leur opéra Into The Little Hill) et Boulgakov (Adam et Ève). La collaboration avec Marie-Christine Soma évolue vers un partage complet de la création scénique et de la mise en scène. Comme pédagogues, ils viennent de mettre en scène Les Assassins de la charbonnière d'après Labiche et Kafka avec les élèves du groupe 37 de l'École nationale supérieure d'Art dramatique de Strasbourg. Metteur en scène associé au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis de 2002 à 2007 puis à l'Espace Malraux de Chambéry et à la Maison de la Culture d'Amiens, il vient d'être nommé directeur du Studio-Théâtre de Vitry.

Marie-Christine Soma est licenciée de lettres classiques et titulaire d'une maîtrise de philosophie. Après avoir été régisseuse lumière au Théâtre de la Criée à Marseille, elle se consacre à la création à partir de 1985. Elle assiste Henri Alekan puis Dominique Bruguière pour la création de Le Temps et la chambre de Botho Strauss mis en scène par Patrice Chéreau. Travaillant à la fois pour le théâtre et la danse, elle crée les lumières des spectacles de Geneviève Sorin, Alain Fourneau, Marie Vayssière, François Rancillac, Jean-Claude Gallotta, Jean-Paul Delore, Jérôme Deschamps, Jacques Vincey, Michel Cerda, Éric Vigner, Arthur Nauzyciel, Catherine Diverrès… Depuis 2001, elle est la collaboratrice artistique de Daniel Jeanneteau pour tous les spectacles dont ils assurent désormais ensemble la mise en scène.

Né à Münster en 1874 dans une famille modeste, August Stramm se destine d'abord à la théologie avant d'entrer dans l'administration des postes en 1893 dans laquelle il fera sa carrière, devenant inspecteur en 1909. À partir de 1903, il mène parallèlement une carrière d'écrivain, publiant huit courtes pièces, trois recueils de poèmes, deux longs poèmes et deux textes en prose. Sa première œuvre Émigrés est un essai qui sera suivi de sa première pièce Les Paysans. C'est après 1909 qu'il écrit successivement, outre des poèmes, Le Sacrifice, Le Mari et Les Stériles puis Rudimentaire (1912), Sancta Susanna, La Fiancée des landes (1913). Trouvant difficilement un éditeur, c'est sa rencontre en 1914 avec Herwath Walden (directeur de la revue Der Sturm) qui lui permet d'être publié. Avant d'être mobilisé en août 1914, il écrira Le Dernier, Attente, Éveil et l'esquisse de Forces qu'il achèvera lors d'une permission en janvier 1915. Après avoir participé à la guerre des tranchées en Alsace puis dans la Somme, il est envoyé sur le front russe en avril 1915. Il y mourra le 1er septembre, dernier combattant de sa compagnie, après avoir préparé un recueil de poèmes, Toi / Poèmes d'amour, et terminé son ultime pièce Destinée.

C'est à la découverte d'un auteur allemand peu connu en France, August Stramm, que nous invitent Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma. Trois pièces courtes, trois regards incisifs sur les passions humaines, trois observations directes, immédiates des désirs et des pulsions d'individus confrontés à tous les tropismes… Pas de complaisance ni de jugement moral, juste une grande lucidité sur les comportements humains, disséqués au scalpel, examinés comme sous une loupe dans un dispositif scénique alliant transparence et lumière tel un laboratoire scientifique. Pour nous faire suivre le cheminement des pensées qui habitent ses personnages, August Stramm invente un style rigoureux fondé sur une radicale économie de mots, un style qui évolue au fil des trois pièces, jouées ici dans l'ordre chronologique de leur écriture. Du naturalisme extraverti de Rudimentaire à l'expressionnisme froid de Forces en passant par le symbolisme lyrique et poétique, proche de Maeterlinck, de La Fiancée des landes, August Stramm écrit un théâtre à jouer, un théâtre pour les acteurs où le moindre geste, inscrit précisément dans des didascalies d'une grande richesse, est souvent plus parlant que les mots. On découvre un auteur qui creuse l'inconscient de ses personnages, qui exprime, d'une façon unique, la pensée heurtée et toujours en état de doute de l'homme pris dans le labyrinthe de ses passions, de ses frustrations, de ses impuissances. Après Sarah Kane et Boulgakov, Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma poursuivent leur chemin théâtral avec un auteur dont ils admirent la liberté, aussi bien sur le plan de la forme – chaque texte repousse un peu plus loin les possibilités de l'expression – que sur celui de l'ouverture du sens, Stramm ayant le courage, à un moment extrême de son existence, de considérer la vie en pleine lucidité. Un voyage pour aller, hors de toute pitié lénifiante, au plus près de ce qui se construit et se détruit entre les hommes lorsque les conventions sociales explosent, lorsque les lois morales ne peuvent plus s'appliquer, lorsque l'homme civilisé, prisonnier de lui-même, s'oublie et se met, volontairement ou inconsciemment, à nu. JFP

Distribution

texte français: Huguette et René Radrizzani
mise en scène, scénographie et lumières: Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma
avec: Axel Bogousslavski, Jean-Louis Coulloc'h, Julie Denisse, Mathieu Montanier, Dominique Reymond
costumes: Olga Karpinsky
son: Isabelle Surel
production déléguée: Maison de la Culture d'Amiens

Production

coproduction: Studio-Théâtre de Vitry, Maison de la Culture d'Amiens –Centre de création et de production, La part du vent/Compagnie Daniel Jeanneteau, Festival d'Avignon
avec l'aide: du Théâtre national populaire Villeurbanne
avec le soutien: de la région Île-de-France et du Goethe-Institut Paris
Le Festival d'Avignon reçoit le soutien de l'Adami pour la production

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