Précaires, invisibles, clandestins : comment les marges questionnent les certitudes de nos sociétés

Le Théâtre des idées

  • Théâtre des idées
Archive 2007

Animé par Nicolas Truong

Présentation

avec

Arlette Farge historienne

Guillaume Le Blanc philosophe

Banalisée par l'idéologie de la flexibilité, la précarité s'installe et bouscule les normes sociales. Masqués par les statistiques et privés de représentation politique, les invisibles et les clandestins du monde entier révèlent la part immergée de nos sociétés. Mais il convient tout d'abord de les entendre et de les reconnaître. A l'aide d'une enquête philosophique inédite, Guillaume Le Blanc s'est attelé à montrer ce qui distingue une vie ordinaire d'une vie précaire. Du déclassement au discrédit, de la marginalité au mépris, de la dépossession de soi à l'autonomie, le philosophe montre comment la voix des précaires, en nous reconduisant vers le soin et la reconnaissance des “vies autres”, lui apparaît paradoxalement comme “l'ultime voix de la démocratie”. À partir d'archives judiciaires du xviiie siècle, Arlette Farge redonne corps à l'histoire des petites gens sommées de répondre de leurs actes devant les tribunaux des puissants. A travers les corps des pauvres anonymes des rues et des bois du passé, mais aussi à partir de l'analyse critique de la fracture sociale, l'historienne fait bouillir la “marmite de sons”, donne à voir des êtres réduits le plus souvent à l'invisibilité, fait écouter le murmure et les soubassements d'un peuple oublié. “Nul n'est tenu de trouver que ces voix confuses chantent mieux que les autres ou sont innocentes. Il suffit qu'elles existent et qu'elles aient contre elles tout ce qui s'acharne à les faire taire pour qu'il y ait un sens à les écouter”, écrivait Michel Foucault à propos des fous et des prisonniers. Enfermés dans des catégories préétablies, les précaires, invisibles et clandestins interrogent et ébranlent notre normalité. Un dialogue philosophique, historique et politique afin de donner voix aux sans-voix et droit de cité aux vies ordinaires socialement disqualifiées.

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