Miquel Barceló, peintre et sculpteur, connaît une grande renommée et diffusion de ses œuvres. Sa participation à la Dokumenta de Kassel en 1982 marque son entrée sur la scène internationale de l'art contemporain. Depuis, ses peintures, sculptures et céramiques font l'objet de nombreuses expositions dans les plus grands musées du monde, dont le Centre Georges-Pompidou, la Fondation Maeght ou encore le Museum of Modern Art de New York.
L'artiste majorquin né à Felanitx se distingue par une démarche prolifique et se voue avec une incroyable énergie au surgissement et à la transformation des matières. Partagé entre Majorque, son île natale, Paris, où il a un atelier, et le Mali, où il séjourne régulièrement depuis 1995, Miquel Barceló travaille sur une infinie variété de matériaux : boue, cendres, sable, crânes d'animaux. Autour des motifs récurrents – bestiaire, tauromachie, fonds marins –, ses œuvres témoignent de la force solaire de l'artiste, de son immense appétit de vivre, de sa curiosité, mais aussi du passage du temps, du désir et de la mort.
À force de fréquenter le peintre et ses œuvres dans son atelier, d'y dormir même la nuit et de jouer avec les ombres, les contours des objets et des toiles, à la lumière d'une bougie, une envie spontanée est née chez Josef Nadj : entrer dans le tableau. Cette proposition à peine formulée au peintre des métamorphoses organiques, Miquel Barceló, a de suite pris la forme d'une performance. Les deux artistes ont imaginé un mur fait d'argile rouge, celle de Kanizsa, ville natale du chorégraphe et celle des œuvres en céramique de Barceló – notamment son grand projet en voie d'achèvement : recouvrir entièrement de terre cuite le sol de la chapelle Saint-Pierre de la cathédrale de Majorque dont il est originaire –, terrain commun de leur rencontre sur lequel chacun ose entrer dans l'univers de l'autre. Une aventure faite d'échanges entre le peintre-chorégraphe et le chorégraphe-peintre abrite cette expérimentation unique.
À partir de cette matière en mouvement, avec pour support ludique les corps vivants des deux artistes – personnages parfois graves, le plus souvent burlesques –, surgit une suite de tableaux éphémères en transformation constante.
Cette performance rend visible la part du geste, si essentiel au peintre, et le travail vivant de la matière, défigurée, transfigurée le temps d'une action d'une heure, véritable parcours physique au cœur du geste pictural.
Retour aux origines, formes archaïques évoquant l'art rupestre, travail du relief, profondeur des surfaces, superposition de strates successives, déchirure des matières, jusqu'à ce que peu à peu les corps disparaissent comme absorbés dans l'argile, laissant place à une œuvre, chaque soir différente, vouée à la disparition.
Irène Filiberti
Distribution
conception : Miquel Barceló, Josef Nadj
avec : Miquel Barceló, Josef Nadj
création sonore : Alain Mahé
lumières : Rémi Nicolas
costumes : Fabienne Varoutsikos
poterie : Jean-Noël Peignon
Production
Production : Festival d'Avignon
en coproduction avec : le Centre Chorégraphique National d'Orléans
avec le soutien : du ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Provence-Alpes-Côte d'Azur, Délégation aux Arts Plastiques) et du Centre d'art et de création de Kanizsa
remerciements : à l'IMCA Provence
Le Festival d'Avignon reçoit le soutien de l'Adami pour la production