Le Roi du plagiat

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Archive 2005

Jan Fabre

Belgique / Création 2005

Le Roi du plagiat © DR

Présentation

Jan Fabre est “artiste en résidence” au DeSingel (Anvers) Un monde entièrement livré au pouvoir de l'imagination théâtrale, c'est ce que prône Jan Fabre dès C'est du théâtre comme il était à espérer et à prévoir (1982) et Le Pouvoir des folies théâtrales (1984), ses premières pièces remarquées qui décapent les conventions de la scène. Un théâtre de la rébellion (As long as the world needs a warrior's soul, 2000), influencé par sa formation de plasticien et sa pratique de la performance, qui met en scène aussi bien le temps de la matière, celle du peintre, que celui de l'être humain ou de l'animal (Parrots and Guinea Pigs, 2002). Mais tout se crée à partir du corps et de son langage. Corps physique dans Sweet Temptations (1991), spirituel dans Universal Copyrights 1&9 (1995) et érotique dans Glowing Icons (1997). Proche de l'animal, avec sa mémoire et ses instincts fondamentaux, ce corps est doté d'un pouvoir presque magique, celui de
la métamorphose. C'est pour cela qu'il aime à désigner ses acteurs comme des “guerriers de la beauté”, entraînés à la démesure des images et du rêve. Cependant, au-delà de l'excès, et souvent avec humour ou ironie, Jan Fabre manifeste une profonde tendresse envers l'humain et ses faiblesses. Depuis ces nombreuses années entièrement dédiées à son art, avec une œuvre protéiforme qui comprend sculptures et installations, textes et mises en scène – plus d'une trentaine à ce jour –, Jan Fabre, de l'atelier à l'œuvre plastique, du studio à la scène, poursuit la quête fiévreuse de ses visions. Chez lui, l'homme se manifeste à travers ses pulsions, là où réside sa beauté, celle du corps, sa jouissance, de l'extase à l'agonie, de la soumission à la révolte. Des monologues (Elle était et elle est, même, Étant donnés) ou solos intimes composés sur mesure pour ses interprètes (Quando l'uomo principale è una donna, L'Ange de la mort) à ses flamboyantes pièces de groupe, la démarche de cet “Homme qui mesure les nuages” garde le goût de l'enfance et de ses jeux. Se fiant à l'intuition, Jan Fabre travaille sans cesse la plasticité de l'homme, cherchant à la couler dans une forme poétique pour donner jour à de nouveaux horizons. Au Festival d'Avignon, Jan Fabre a déjà présenté Das glas im kopf wird vom glas en 1988, My movement are alone like street-dogs en 2000, Je suis sang dans la Cour d'honneur du Palais des papes et l'installation plastique Umbraculum en 2001, et L'Ange de la mort en 2004.

Ici la répétition fait loi, dans tous les sens du terme, du théâtre à l'Histoire, ou comment les gestes de l'homme se reproduisent sans fin. Lui, l'acteur par excellence – il a travaillé avec les plus grands artistes en Belgique, s'est aussi fait connaître à la télévision comme au cinéma –, Dirk Roofthooft, joue de ce mouvement. Il ressemble à, marche et parle comme un ange mais ne veut pas en être un. Il veut changer, absolument, être un homme, l'un de ces “singes bavards” qui font tant de bruit, qui veulent sans pouvoir. Lassé de l'immortalité, il s'intéresse au temps et porte beaucoup de montres, celles des grands couturiers. Qui est-il ? Jan Fabre en écrivant ce monologue, le définit au fil du texte. Créé à quelques années d'écart, et interprété par le même acteur, ce deuxième volet d'un diptyque pour une figure fantasque poursuit une réflexion ironique, cocasse, sur le statut de l'artiste. Dans cette pièce, Jan Fabre interroge plus spécifiquement l'authenticité et l'originalité en art. Le Roi du plagiat n'est autre que ce bouffon, sans doute issu du premier texte L'Empereur de la perte, devenu ange et rêvant de redevenir un être humain pour recommencer à commettre toutes sortes de maladresses. Le personnage qu'il met en scène a un drôle de langage et semble enchaîner les citations, passant sans peine de Shakespeare aux Beatles ou aux Doors, de Goethe à John Wayne. Pour parvenir à ce nouvel état, se bâtir un temple, se constituer un cerveau, un nouveau corps, il apporte quatre pierres, quatre “Stein” (pierre en allemand) : Frankenstein (la médecine et l'invention de l'intelligence artificielle), Gertrude Stein (l'écriture), Wittgenstein (la philosophie), Einstein (la science). Des pierres pour la recherche, pour devenir un bon imitateur. Mais y parviendra-t-il ?

Distribution

Texte, mise en scène, scénographie : Jan Fabre
Avec : Dirk Roofthooft
Traduction : Olivier Taymans
Dramaturgie : Miet Martens
Assistante : Coraline Lamaison
Lumières : Harry Cole, Jan Fabre
Costume : Ingrid Vanhove
Assistante décor : Mieke Windey

Production

Production : Troubleyn / Jan Fabre (Anvers)
En coproduction avec : deSingel (Anvers), Festival d'Avignon, Bonlieu - Scène nationale d'Annecy, Espace Malraux - Scène nationale de Chambéry et de la Savoie, Comédie de Valence - Centre dramatique national Drôme Ardèche avec le soutien de la Région Rhône-Alpes
Texte français publié : par L'Arche éditeur (juillet 2005)

© photo Marc Enguerand

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