58e édition

58e édition
du 3 au 27 juillet 2004

Nous avons rêvé ce nouveau chapitre de l'histoire du Festival comme une grande fête des arts de la scène. Dans un même temps, une même ville, nous rassemblons et déployons des univers artistiques forts et singuliers, résonnant les uns avec les autres et parmi lesquels chacun pourra dessiner son propre parcours de spectateur.

Chaque Festival s'inventera en complicité avec un artiste associé pour tracer avec lui la carte d'un territoire artistique. Au-delà de ses propres créations, ce sont ses questionnements, ses pratiques, ses enthousiasmes qui inspireront librement l'ensemble de la programmation. Cette année, nous avons invité le metteur en scène berlinois Thomas Ostermeier à partager cette aventure, puis ce sera l'artiste flamand Jan Fabre en 2005, le chorégraphe Josef Nadj en 2006 et le metteur en scène Frédéric Fisbach en 2007.

Thomas Ostermeier est l'une des voix les plus originales du théâtre allemand et de la scène contemporaine. Jeune héritier de la "vieille Europe", il donne vie à un théâtre engagé dans la réalité sociale, civique et politique. Il ne cesse de visiter les auteurs de son temps, de transposer les grands textes du passé au sein de notre quotidienneté et pratique avec ses acteurs le théâtre d'ensemble, de troupe, avec une énergie et un sens de la fête théâtrale exceptionnels. À partir de son univers et de nos discussions, sans forcer le trait, mais par un simple jeu de correspondances, nous avons constitué la constellation d'artistes qui compose cette édition.

Qu'ils parlent français ou allemand, espagnol ou flamand, italien ou persan, c'est dans cette langue commune et toujours réinventée du théâtre, de la danse, de la littérature et de la poésie, de la musique et des arts visuels, que ces artistes interrogent notre rapport à notre société, notre histoire, notre temps. Ce Festival, inventé dans une grande complicité franco-allemande, est pour nous un signe fort d'une Europe culturelle possible, réconciliée, construite sur la mémoire de son histoire et capable d'envisager l'avenir.

Bien sûr, il n'appartient pas à l'art seul de changer le monde, d'y résister ou de prétendre en infléchir le cours. Nous croyons simplement que chaque individu peut être bouleversé par sa rencontre intime avec une oeuvre artistique, une vision poétique, une approche originale de l'altérité. Ainsi traversé par cette expérience, son regard sur le monde et sa manière de l'habiter pourront être transformés. Notre ambition est donc de favoriser cette rencontre essentielle entre l'oeuvre et le spectateur pour qu'elle soit la plus riche et la plus émouvante possible.

Pour cela, nous avons invité les artistes, tous inventeurs, auteurs de la scène, à rêver leur Avignon, en rencontrant la ville et ses lieux, ses pierres et ses lumières. La richesse de leurs univers nous a incités à les déployer. Ainsi, autour de leurs créations, nous proposons parfois différentes clefs pour entrer dans leur oeuvre à travers d'autres spectacles, des concerts, des lectures, des films - de leur répertoire ou d'artistes complices - des expositions, des débats et rencontres. Ces parcours d'artistes sont enrichis par les propositions de nos partenaires : la Sacd, France Culture, la Maison Jean Vilar, la Chartreuse, les Cinémas Utopia, les Cycles de musiques sacrées...

Vous découvrirez aussi dans Avignon des installations qui interrogent l'espace public du Festival, à l'instar de notre spectacle d'ouverture dans les rues de la ville. Et pour multiplier les expériences, après les spectacles, nous vous convions à une vingt-cinquième heure, dans la salle Benoît-XII, où une équipe artistique, différente chaque soir, viendra tenter de nouvelles formes.

Ce rêve d'Avignon est un rêve d'artistes et de passionnés. Il est né de la volonté de faire vivre et rayonner le spectacle vivant. Mais celui-ci est menacé par la fragilisation sociale qui touche une grande partie de la profession, accentuée par le protocole d'accord sur le régime spécifique de l'assurance-chômage des intermittents signé le 26 juin dernier par les partenaires sociaux. Il ne touche pas uniquement les professionnels, mais bien toute l'économie qu'engendre l'activité artistique comme l'ensemble des relations sociales qu'elle maintient, invente et renouvelle. Il est indispensable et urgent que la nécessaire réforme de l'assurance-chômage des métiers du spectacle puisse se réaliser démocratiquement, dans un dialogue avec les professionnels concernés. Depuis l'été dernier, des projets alternatifs au protocole désormais en vigueur constituent des bases de discussions solides et constructives.

 

La crise sociale qui entraîna l'annulation de l'édition 2003 du Festival a peut-être, malgré tout, réveillé sa raison d'être. Au-delà des conflits, les discussions et les réactions les plus contrastées ont fait apparaître un attachement fort de tous à la spécificité du Festival d'Avignon. À l'heure où les espaces de liberté d'expression artistique sont parfois restreintes, nous sommes convaincus de la nécessité de préserver, au coeur de notre société, une place forte à l'art et au spectacle vivant. Le Festival d'Avignon représente à nos yeux un symbole du service public de la culture garantissant la liberté artistique de la création et son accès au plus grand nombre. Dans ce contexte, le Festival se doit d'être un lieu de rassemblement de toute la profession, avec les artistes et le public, pour poursuivre ensemble la réflexion sur l'avenir du spectacle vivant.

La crise sociale qui entraîna l'annulation de l'édition 2003 du Festival a peut-être, malgré tout, réveillé sa raison d'être. Au-delà des conflits, les discussions et les réactions les plus contrastées ont fait apparaître un attachement fort de tous à la spécificité du Festival d'Avignon. À l'heure où les espaces de liberté d'expression artistique sont parfois restreintes, nous sommes convaincus de la nécessité de préserver, au coeur de notre société, une place forte à l'art et au spectacle vivant. Le Festival d'Avignon représente à nos yeux un symbole du service public de la culture garantissant la liberté artistique de la création et son accès au plus grand nombre. Dans ce contexte, le Festival se doit d'être un lieu de rassemblement de toute la profession, avec les artistes et le public, pour poursuivre ensemble la réflexion sur l'avenir du spectacle vivant.

Soucieux aussi avec Thomas Ostermeier du devenir de notre société dans un monde changeant et convulsé, nous avons souhaité que cette nouvelle édition soit également celle des réflexions et des interrogations partagées, que le Festival d'Avignon devienne un "théâtre" des idées où nous convions le public à des débats avec des acteurs et penseurs de notre temps.

Nous vous invitons à parcourir librement ce 58e Festival à travers toutes ses formes, des spectacles aux rencontres, de onze heure à une heure du matin, du Palais des papes au village de Rasteau. À vous de trouver votre chemin, de faire dialoguer les oeuvres, de partager vos expériences.

Nous avons rêvé ce Festival, à vous de le faire vivre.

Hortense Archambault et Vincent Baudriller
Avignon, 26 avril 2004

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