noBody

  • Danse
  • Spectacle
Archive 2002

Sasha Waltz

Allemagne / Création 2002

Présentation

Dernière pièce d'un triptyque démarré avec Körper, prolongé avec S, noBody, la dernière création de Sasha Waltz, clôt un cycle d'observation sur le corps. Le spectacle conçu par la jeune chorégraphe, co-directrice aux côtés de Thomas Ostermeier de la Schaubühne à Berlin, a été pensé dans une volonté de corrélation harmonieuse avec le lieu qui l'accueille, la Cour d'honneur. L'immensité de l'espace, son ouverture sur l'infini, son envergure, toutes ses données n'ont cessé de nourrir la réflexion et le travail de Sasha Waltz. noBody prend ainsi, tout particulièrement, son envol, son ampleur et sa mesure à l'intérieur de cette démesure architecturale qui sût, si souvent et si bien, faire honneur à la danse. La pièce joue la hauteur, la verticalité et la distance. Comme s'il s'agissait de mettre en relation le cosmos et le corps de l'acteur, de tendre de l'un à l'autre un invisible fil à l'image de celui reliant le pantin à la main qui le meut. Un état d'apesanteur recherché qui s'aventure sur les traces d'un corps absent et que la vie aurait déserté. Qu'est-ce que la chair sans l'âme, qu'est ce que l'humain hors de son corps, qu'est ce que le corps sans la vie ? La jeune chorégraphe s'interroge sur la mort usant du paradoxe qu'est le danseur, mobile, physique et énergique pour évoquer l'inerte. Un questionnement métaphysique qu'il faut traduire dans le geste, produire avec de la sueur. C'est au cœur de cette ambivalence que Sasha Waltz inscrit sa danse et montre l'invisible tout en recourant au visible. Sur le plateau, où pulse une musique électronique qui s'imprime en chacun très profondément, vingt-six danseurs tentent de transcender le matériel pour toucher à l'irrationnel. L'individu fondu dans la masse révèle un autre organisme, aux frontières élargies, différentes, absorbant chacun dans l'immensité du groupe et dessinant un contour différent. Du corps à corps naît un mouvement d'ensemble, global, totalisant. Sasha Waltz demande à ses danseurs l'impossible en exigeant d'eux ce deuil de ce qui les fonde et les anime. Il y a du renoncement dans le travail mené qui rappelle d'autres acceptations, celles, inévitables, qui permettent que la disparition soit source de renaissance. Des réminiscences d'une Pompéi dévastée et figée dans ses cendres ont inspiré le spectacle. Cela démarre dans une ambiance sombre et sobre, réfutant tout pathos ou sentimentalisme. Sur scène, les corps à corps se multiplient, s'ingérant les uns les autres, s'engloutissant, se rejetant pour mieux s'aspirer de nouveau. Le groupe se fait et se défait, brouillant les perspectives. Des énergies contraires se catapultent, rapidité, passivité, fuite. Il sort de ces mouvements constants l'idée d'un matériau perpétuellement animé de soubresauts internes, palpable mais impalpable, informe et pourtant à la densité indéniable. Puis le spectacle bascule dans une lumière nouvelle. Un nuage blanc chargé de menace pèse sur le plateau. Tout s'accélère, s'oppresse, s'aggrave. Le rendez-vous qui s'annonce est bien celui qu'on nous avait promis. Sasha Waltz boucle la boucle et termine noBody par un éclair de mort. La spirale est menée à son terme.

Distribution

chorégraphie Sasha Waltz

avec: Mikel Aristegui, Rita Aozane Bilibio, Hsuan Cheng, Clémentine Deluy, Lisa Densem, Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola, Luc Dunberry, Andreas Ebbert, Su-Mi Jang, Hans-Werner Klohe, Nicola Mascia, Thusnelda Mercy, Grayson Millwood, Michal Mualem, Joakim NaBi Olsson, Sasa Queliz Aquino, Claudia de Serpa Soares, Xuan Shi, Laura Siegmund, Norbert Steinwarz, Takako Suzuki, Mohan Thomas, Junko Wada, Laurie Young, Matan Zamir
musique :Hans Peter Kuhn
scénographie :Thomas Schenk, Sasha Waltz
costumes: Bernd skodzig
lumières :Martin Hauk
dramaturgie :Jochen Sandig
assistant à la mise en scène : Karsten Liske

Production

Production : Schaubühne am Lehniner Platz, Berlin
En coproduction avec :le Festival d'Avignon
Avec le soutien :du ministère des Affaires étrangères d'Allemagne
Avec l'aide : du Goethe-Institut

Infos pratiques