Il serait présomptueux de désigner, parmi la quarantaine de spectacles à l'affiche d'Avignon cette année, ceux qui feront date. Ce sont les spectateurs qui en seront juges. Mais je souhaite mettre en valeur quatre caractéristiques de cette édition :

  • La Cour d'Honneur, lieu-symbole du Festival, exprime un double désir. Celui de rassembler, comme ce fut le cas l'été dernier avec Médée, un très large public autour d'une grande œuvre du répertoire, L'École des Femmes mise en scène par un homme de théâtre confirmé : Didier Bezace et jouée par un ensemble de comédiens conduit par un acteur de renom : Pierre Arditi. Mais aussi celui de confronter ce même public avec les formes les plus contemporaines de la scène européenne d'aujourd'hui. Jan Fabre est cet artiste chargé de cet espoir et de ces risques.

  • Le Festival poursuit son ouverture vers l'Est européen. Vers Berlin, avec le retour de Thomas Ostermeier. Vers Moscou, terre d'acteurs, ici rassemblés par Declan Donnellan. Vers l'Europe centrale, à travers un programme européen de coopération théâtrale entre l'Est et l'Ouest, THEOREM, initié par le Festival. Avec un accent mis sur la scène hongroise (théâtre et musique), à l'occasion de Magyart, saison culturelle hongroise.

  • Le Festival continue autant en direction des artistes français. C'est pourquoi huit metteurs en scène viennent pour la première fois au Festival, « en compagnie de l'Adami » puisque c'est le partenariat de cette société, gérante des droits des artistes interprètes, qui a permis cette présentation « en bouquet ». Jeunes ou moins jeunes, peu importe, ils (ou elles) ont en commun de travailler en compagnie indépendante, d'être encore méconnus du grand public, mais de partager une même passion du travail théâtral.

  • Enfin, la danse retrouve pleinement sa place que, pour des raisons de pure conjoncture, elle n'avait pas l'année dernière. Après Jan Fabre, qui mêle danse et théâtre, Bill T. Jones revient dans la Cour présenter une œuvre qui associe la grande interprète de fado, Misia. Angelin Preljocaj, Josef Nadj, trois compagnies aux Célestins choisies avec « les Hivernales », festival d'hiver d'Avignon, quatre programmes originaux du « Vif du Sujet », complètent le tableau de la danse.

Le programme de cette édition va bien au delà de ces quatre axes forts. Et les surprises, les bonheurs de spectateur seront aussi à chercher dans ces créations que le sommaire énumère. Créations : c'est ce qui domine, comme toujours, au festival. Il faut ajouter cependant, deux « reprises » de spectacle que j'ai voulu ainsi proposer aux spectateurs qui ne les auraient pas encore vus. Car il s'agit de deux auteurs français majeurs : Bernard-Marie Koltés et Jean-Luc Lagarce. Bon Festival...

Bernard Faivre d'Arcier

du 6 au 28 juillet 2001

Nous remercions l'équipe BNF (Bibliothèque nationale de France) de la Maison Jean Vilar pour le versement des données de la période 1947-1998.

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