“En danse, on n'a pas besoin d'expliquer, dit Pina Bausch. Mais c'est vrai que Le Laveur de vitres est joyeux, avec de l'humour, de l'allégresse. D'où vient cette joie ? Je ne sais pas. Ce serait très intéressant pour moi de le savoir. Quand j'ai commencé, tous mes spectacles étaient différents les uns des autres. À partir d'un certain moment, j'ai eu le sentiment d'être sur une vague à la recherche de l'énergie. Quand j'ai fait Tanzabend II, La Pièce au bateau et Ein Trauerspiel, j'ai enchaîné des pièces sombres. Puis j'ai repris la danse. Et la vague est remontée vers plus de joie.” En octobre 1996, Pina Bausch et sa compagnie passèrent trois semaines à Hong Kong dans la perspective d'un spectacle à créer au Festival que l'île allait organiser lors des grandes fêtes de sa rétrocession à la Chine. Dans les rues, la chorégraphe-metteur en scène fut particulièrement frappée par les laveurs de vitres qui, à des hauteurs vertigineuses, nettoyaient les façades de verre des gratte-ciel. De retour à Wuppertal, elle imagina et dirigea la pièce qui fut créée en mars 1997 à Hong Kong. Après Rome, Palerme, Madrid, Vienne et Los Angeles, Le Laveur de vitres était la sixième coproduction du Tanztheater de Wuppertal avec une ville dont la personnalité inspirait l'œuvre en projet. Parmi les pièces de Pina Bausch, elle revêt une signification particulière, parce qu'elle implique encore plus directement qu'ailleurs la confrontation avec une culture tout à fait différente et parce qu'elle est liée à un moment historique, à peine visible mais inscrit en filigrane dans la représentation : la cession à Pékin de l'île que les Anglais possédaient depuis plus de cent cinquante ans. Le laveur de vitres, bien évidemment, n'est qu'une idée de départ. Un laveur de carreaux apparaît bien, haut perché, sur la scène dans un décor où Peter Pabst s'attache à toutes les dimensions de l'espace et où se dresse une montagne de pétales de roses. Rien, sauf une partie de la bande musicale, ni personne ne se réfère directement à Hong Kong. Pina Bausch poursuit sa chronique dansée et parfois parlée des rapports modernes entre les femmes et les hommes dans un monde dont elle met à nu les illusions et les conventions. Les effets de surprise et de répétition ponctuent sans cesse une action-gigogne d'où sortent toujours de nouvelles émotions et de nouveaux gags et où les danseurs donnent une même intensité à leurs déplacements non dansés et à leurs mouvements chorégraphiés. Après ses mémorables passages en 1981, 1983 et 1995, le Tanztheater de Wuppertal est de retour à Avignon avec un spectacle recréé pour qu'il s'adapte au cadre de la Cour d'honneur et y trouve une respiration neuve.
Distribution
chorégraphie Pina Bausch
mise en scène Pina Bausch
avec : Regina Advento, Ruth Amarante, Rainer Behr, Andrey Berezin, Stephan Brinkmann, Raphaëlle Delaunay, Mechthild Grossmann, Chrystel Guillebeaud, Na Young Kim, Daphnis Kokkinos, Beatrice Libonati, Bernd Marszan, Eddie Martinez, Dominique Mercy, Pascal Merighi, Jan Minarik, Cristina Morganti, Nazareth Panadero, Helena Pikon, Fabien Prioville, Jorge Puerta Armenta, Anne Rebeschini, Azusa Seyama, Julie Shanahan, Julie Stanzak, Michael Strecker, Fernando Suels, Aida Vainieri
décors : Peter Pabst
costumes : Marion Cito
collaboration musicale : Matthias Burkert, Andreas Eisenschneider
assistants du metteur en scène : Marion Cito, Irene Martinez Rios, Jan Minarik
Musiques : chants populaires chinois ; tambours de Chine, d'Inde et du Mexique ; musique traditionnelle tzigane de Roumanie, Fado du Portugal ; chants d'Argentine et des Îles du Cap Vert ; guitare d'Iran ; chants d'amour des XIIIe et XVIe siècles. Musique de l'ère atomique par Dean Elliott ; Jazz, Rythm and Blues par Dizzy Gillespie, Pat Metheny, Nnenna Freelon, Al Copper, Barney Kessel, Jo Stafford, Frantic Faye Thomas, Jesse Powell Orchestra. Textes et poèmes de Péter Esterhazy, Silja Walter, Wislawa Szymborska.
directeurs techniques : Johan Delaere, Manfred Marczewski
lumière : Johan Delaere
régie lumière : Jo Verlei
chef de plateau : Manfred Marczewski
régie plateau : Volker Lünenschloss, Martin Winterscheidt son, Andreas Eisenschneider
régie générale : Peter Lütke
accessoiriste : Jan Szito
habilleuses : Silvia Franco, Rosemarie Hess et Andreas Maier
assistante à la scénographie : Anna Stolze
assistante costumes : Christina Wachendorff
Production
coproduction : Hong Kong Arts Festival Society, Goethe Institut Hong Kong, Tanztheater Wuppertal Pina Bausch.
remerciements à : Yang Yee, Uwe Nitschke, Grace Lang, Lau Kin Wai, Willy Tsao, Kau Ng, Afa Chiang, Mok Chiu Yu, Kevin Ho, Kwong Wai Lap, William Tang, Tanya Tan, Liao Yo Lan, Chan Kim Fung, Margaret Carlson, To Lui, Lilan Wu et aux employés des Archives musicales de l'Academie des Arts vivants et de l'Université chinoise de Hong Kong, de la Radio-Télévision de Hong Kong, et à tous nos amis qui ont pris le temps de nous montrer leur vue de Hong Kong.
Création le : 12 février 1997.
Edition : L'Arche, Paris