Ce 48ème festival fait la parti belle aux écritures d'aujourd'hui avec la présentation d'une quinzaine d'œuvres inédites. Cela dit, il n'a pas été bâti sur une opposition entre classiques et contemporains, car finalement toutes ces pièces se répondent : elles ne cessent de se reposer, comme déjà dans les tragiques grecs, la question de la responsabilité de l'homme par rapport à ses actes, la nature de son (in)humanité.

Euripide, Shakespeare, Bond, Vitez. C'est autour de ces quatre noms qu'a commencé la construction de ce programme. Autour de ces œuvres et de ces vies dont nous vous convions à apprécier la proximité, le voisinage, l'étrange interpénétration. C'est un « théâtre des idées » qui est donc à l'affiche. Ce qui ne veut pas dire un retour au didactisme ou au réalisme social mais seulement que ce théâtre-là entend traiter des fondements-mêmes de nos relations avec les dieux ou les sociétés : mythiques, philosophiques, éthiques... Tout en débordant d'imaginaire et en usant, avec talent, d'une connaissance intime de tous les mécanismes de la scène, tous les détails du théâtre qui lui confèrent précisément son humanisme.

Danse et musique ne sont pas en reste d'ailleurs, car elles ne seront, sur les plateaux d'Avignon, ni moins tragiques, ni moins émues, ni moins violentes. Ces adresses, aux dieux et aux hommes, que vous entendrez cet été sont celles de notre Europe et de ses origines grecques. Or, on nous prédit volontiers, comme le disait déjà Paul Valéry, que cette Europe-là ne sera bientôt guère plus que la péninsule de l'Asie. C'est pourquoi j'ai voulu poser, à l'extrême Est qu'est le Japon, la même question qui nous préoccupe : comment concilier/opposer l'identité culturelle d'une nation et la nécessaire création contemporaine de ses artistes vivants. C'est sur cette recherche que s'est constitué le programme japonais qui se déroulera d'un bout à l'autre du festival.

Exposé, comme je tente de le faire, le festival a l'air bien sérieux, voire sombre. Il n'en est rien, et mon intention n'est pas de porter l'affliction dans tous les cœurs. ... guerre, exclusion, sida, folie sont déjà sur tous les écrans. C'est pourquoi la poésie du théâtre équestre, le travail de théâtre et de cirque mêlés, n'ont pas été oubliés. Ni l(humour surtout, puisque le festival se terminera par une brassée de comédies qui, d'ailleurs, traitent... des mêmes sujets.

Bernard Faivre d'Arcier

du 8 juillet au 2 août 1994

Nous remercions l'équipe BNF (Bibliothèque nationale de France) de la Maison Jean Vilar pour le versement des données de la période 1947-1998.

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