"Plage ultime", extraits

Pour Séverine Chavrier, une œuvre littéraire est un univers dans lequel elle pénètre et dont elle cherche à rendre la richesse sur scène. En choisissant J. G. Ballard comme source d'inspiration de son spectacle, elle privilégie un écrivain de science-fiction qui a déplacé ce genre vers une analyse introspective de notre société consumériste, à travers une réflexion sur l'image et les nouvelles technologies. Manifestant une confiance absolue dans ce lieu d'imaginaire et de partage qu'est le plateau, elle construit une proposition scénique et musicale qui associe d'autres auteurs en résonance avec J. G. Ballard et avec trois de ses livres majeurs : Crash, Sauvagerie et Millenium People. Il ne s'agit nullement d'illustrer ces mondes romanesques, mais de les faire surgir dans un environnement d'images et de sons occupant l'espace au même titre que les acteurs. Images fabriquées en direct, images du quotidien filmées par des smartphones et des webcams omniprésentes, images de vidéosurveillance ou d'archives se mêlent aux matières sonores de toutes sortes : voix des comédiens, enregistrements ou musique live. Tout concourt à questionner notre monde technologique et sa violence, ses pièges, sa potentialité anxiogène, sa brutalité plus ou moins acceptée et digérée, mais aussi notre capacité à résister, notre ambivalence, notre responsabilité ou notre immaturité. Avec Plage ultime, Séverine Chavrier nous invite à une critique libre et énergique. JFP