Ce Phèdre ! de Racine pourrait avoir en sous-titre : conférence
espiègle et insolite. La salle de spectacle devient salle de cours, et
nous, devant un Romain Daroles en jeune professeur exalté qui veut nous
transmettre sa passion ardente pour Phèdre, nous rions. Seul sur scène,
armé d'un livre, le comédien campe tous les personnages et fait revivre
sous nos yeux la force des passions à l'oeuvre dans la pièce. Habité
d'un enthousiasme communicatif pour la langue classique, il retrace
d'une verve cocasse la descendance mythologique des personnages, démêle
l'intrigue foisonnante, déchiffre la beauté merveilleuse des
alexandrins... Ajouté au titre, le point d'exclamation – ou point d'«
admiration » comme il était appelé à l'époque – vient marquer
l'émerveillement du metteur en scène et de l'interprète et leur amour
pour un théâtre toujours aussi vivant. Tout en humour, François Gremaud
coupe le mal « à la Racine » et fait de cette grande tragédie classique
une odyssée moderne et joyeuse. Le drame qui se noue est, « en vers » et
contre toute attente, une ode à la vie, un hymne à la joie.