Le titre du long poème que Lydie Dattas consacre à son ami est une nuance espiègle apportée à l'image que l'on prête facilement à l'auteur du Miracle de la rose. Plaquée en bloc par certains commentateurs sur l'oeuvre et sur la vie de Jean Genet, une réputation trop simpliste réduit le personnage. La poétesse Lydie Dattas choisit de montrer la richesse, donc la beauté complexe, de l'homme qu'elle a connu. Sous le nom de Rosalie, elle apparaît doucement à la fin d'une vie qu'elle raconte avec force lumière et grande poésie. Les débuts dans la neige, les fuites par les champs, les cailloux de la colonie de Mettray, les roses aussi partout ; tout est revisité par l'oeil de celle qui sait comment marque une mère, combien compte un enfant. Si ce livre comporte la précision et l'exactitude propres à une biographie, l'amitié qui a lié Jean Genet et Lydie Dattas transparaît non par la complaisance, ni par la nostalgie, mais par le secret. Les faux amis disent tout, utilisent tout ce qu'ils savent pour prouver qu'ils aimèrent ou qu'ils furent présents. Les vrais amis n'ont, eux, rien à prétendre. Aussi Lydie Dattas, en plus de se dissimuler derrière un prénom, évite l'affection pour la garder pour elle, et libère Jean Genet de tout regard pesant. Le portrait, comme sans signature, est d'autant plus saillant. En profondeur, mais sans montrer qu'elle guide, Lydie Dattas mène le lecteur à la découverte d'un parcours plus grand parce que plus près d'une vérité simple, sans revendication.
"La Chaste Vie de Jean Genet", extraits
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