Une parole scandaleuse autant qu'une imploration. Il y a dans cette locution « I AM » la fierté de l'homme qui s'affirme sujet. Il y a la ferveur de celui qui réclame la reconnaissance. Autour de lui, Lemi Ponifasio a réuni un petit peuple, composé des artistes de sa compagnie, MAU, mais aussi de personnes rencontrées à Avignon et dans chacune des villes de sa tournée. Ensemble, dans la Cour d'honneur du Palais des papes, ils se lèvent. Venus de l'autre bout du monde ou bien des marges intérieures, ils montrent leur visage à l'Empire, aux puissants, ils participent à une cérémonie en l'honneur des vingt millions d'êtres humains morts pendant la Première Guerre mondiale. Ils deviennent les anonymes et ceux qui ne sont jamais nommés. Ils nous rappellent que la guerre n'épargne aucune catégorie, ni aucun continent. Des îles du Pacifique où le conflit est aujourd'hui toujours commémoré, Lemi Ponifasio convoque le théâtre de mythes et de cris d'Heiner Müller et d'Antonin Artaud, les visions plastiques de Colin McCahon, la force des choeurs maoris et samoans et invente les termes et la grammaire d'un langage universel, le langage d'une conversation entre Dieu et les morts, mais aussi entre les auteurs du présent et les fantômes du passé, témoins mélancoliques d'un siècle plein de la faillite de l'humanité.
"I AM", extraits
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