Rodolphe Burger & Olivier Cadiot
Fuyant le juste milieu, Ludovic Lagarde est un artiste de contrastes : son théâtre chatoie, les voix éclatent, comme les couleurs, les rires ou la violence. À la mesure et la demi-teinte, il préfère les excès, quitte à tutoyer le baroque et se confronter à l'artifice. Il débute par du Beckett (Trois dramaticules), du Brecht (Le Cercle de craie caucasien), du Bond (Maison d'arrêt), puis rencontre Olivier Cadiot, auquel il commande Sœurs et Frères en 1993. Le mode opératoire de leur collaboration se met en place avec Le Colonel des Zouaves, en 1998, quand les romans de l'écrivain deviennent de véritables pièces entre les mains du metteur en scène : ce dernier adapte, monte, puise à sa manière dans la matière texte, pour offrir à son acteur fétiche, Laurent Poitrenaux, des registres de voix, de visions, de réminiscences et de cérémonies, aussi virtuoses que profonds et réjouissants. S'ensuivent Retour définitif et durable de l'être aimé, puis Fairy Queen, créé en 2004 au Festival d'Avignon, en même temps que Oui dit le très jeune homme, pièce de Gertrude Stein traduite par Olivier Cadiot. Parallèlement, Ludovic Lagarde, formateur et découvreur d'acteurs, conserve une activité de pédagogue. Directeur de la Comédie de Reims depuis janvier 2009, il travaille également avec le directeur musical Christophe Rousset pour mettre en scène des opéras baroques français, avec Pascal Dusapin pour la reprise de son Roméo & Juliette à l'Opéra Comique, avec Wolfgang Mitterer pour la réalisation de son Massacre. Il vient de créer Doctor Faustus Lights the Lights, un opéra-rock d'après Gertrude Stein. À Avignon, Ludovic Lagarde a dirigé en 2005 des lectures de textes belges avec de jeunes comédiens, monté le Richard III du Flamand Peter Verhelst en 2007 et mis en scène la promotion de l'Érac en 2008, dans le cadre d'Écoles au Festival.
ADB, avril 2010