Meg Stuart / Damaged Goods
Originaire de la Nouvelle-Orléans aux États-Unis, Meg Stuart étudie la danse à New York, avant de se faire connaître et reconnaître par une oeuvre anticipatrice : Disfigure Study, en 1991. La « défiguration » en question - inspirée par la peinture de Francis Bacon - est plus qu'un énoncé de circonstance, elle amorce une véritable ligne de conduite qui ne cessera de poser la question du corps et de sa place dans la société. Établie à Bruxelles, la danseuse, performeuse et chorégraphe y crée en 1994 sa compagnie, Damaged Goods (Marchandises avariées). La «marchandise » désignée sort des chaînes de production d'un système socio-économique qui voue les hommes à la réification et dont le corps dansant, dans sa résistance même, serait un révélateur privilégié. Quant à ce qui est « avarié », ce sont les rapports sociaux et leurs codes figés, qui viennent corrompre les élans amoureux (Forgeries, Love and Other Matters, 2004), se diffusent à travers l'industrie du divertissement (It's not Funny, 2006), aggravent les catastrophes « naturelles » (Blessed, 2007) et gangrènent la famille (Do Animals Cry, 2009). Chaque fois, c'est en passant par la défiguration, vécue par des corps convulsifs, plongés dans des états instables, des associations inattendues, bordées et hantées par la destruction que Meg Stuart fait le pari de la beauté et d'une part de vérité. Aux croisées entre danse, théâtre, musique et arts visuels, elle conduit les corps à s'ouvrir à tous les possibles, y compris en les mandatant vers l'invisible avec VIOLET. Au Festival d'Avignon, Meg Stuart a signé avec Benoît Lachambre et Hahn Rowe Forgeries, Love and Other Matters, présenté en 2004.
JLP, mai 2011.