Maguy Marin

Jamais Maguy Marin ne s'est reposée sur des lauriers qu'elle a pourtant cueillis nombreux. Avec Jean-Claude Gallotta, Dominique Bagouet, Régine Chopinot, François Verret et Daniel Larrieu, elle est l'une des pionnières de la nouvelle danse française, apparue au début des années 80. Inspirée par l'œuvre de Beckett, sa pièce May B. a été donnée plus de six cent fois dans quarante pays, et continue à tourner un quart de siècle après sa création. Morceau de choix du répertoire chorégraphique contemporain, elle conserve, lorsqu'on la revoit aujourd'hui, toute sa vigueur et sa subtilité. Venue de la danse classique, formée par Béjart à l'école Mudra puis au Ballet du XXe siècle à Bruxelles, Maguy Marin fonde sa première compagnie en 1978 avec Daniel Ambasch : le Ballet Théâtre de l'Arche. L'équipe s'installe à Créteil, puis donne coup sur coup plusieurs spectacles qui renouvellent la danse au Festival d'Avignon, notamment May B. en 1982, Jaleo en 1983, Hymen au Cloître des Carmes en 1984, Eh qu'est-ce que ça m'fait à moi!? en 1989 dans la Cour d'honneur, puis Ram Dam, de nouveau aux Carmes en 1995, année où la chorégraphe se mobilise avec les artistes du Festival pour protester contre les massacres de Srebrenica en ex-Yougoslavie. Car si Maguy Marin redouble ainsi d'énergie, c'est qu'elle cherche toujours à « danser dans la Cité », ouverte sur tous les arts, en prise avec le monde qui l'entoure, la société qui change, le public qui bouge. À Créteil d'abord, puis à Rillieux-la-Pape, ville nouvelle de la banlieue lyonnaise dont elle a dirigé le Centre chorégraphique national, pourvu d'un beau bâtiment de bois ouvert à tous, Maguy Marin poursuit, entêtée, sa traversée de la danse. Ses derniers spectacles ont prouvé sa capacité à provoquer chez le spectateur des impressions fortes : choc, introspection, malaise, séduction, rejet, fusion. Umwelt et sa rigueur stridente, Ha ! Ha ! et son rire inquiet, Turba et la profusion enivrée des mots de Lucrèce, autant de preuves que Maguy Marin n'a rien perdu de son audace et de sa vitalité.

Portrait de Maguy Marin © Tim Douet