Jeanne Moreau & Étienne Daho

« La vie nous est donnée pour prendre des risques », affirme Jeanne Moreau. Artistiquement, elle en a pris beaucoup pour construire, par des choix audacieux, une carrière d'actrice de théâtre et de cinéma qui a fait d'elle une icône. Celle qui est devenue comédienne « comme on entre en religion » a d'abord effectué un parcours traditionnel : conservatoire, Comédie-Française, troupe du T.N.P. de Jean Vilar, avant de faire ses débuts au cinéma en 1950. Orson Welles, Louis Malle, Michelangelo Antonioni, Luis Buñuel, François Truffaut, Jacques Demy ou encore Rainer Werner Fassbinder feront souvent appel à elle pour jouer « des femmes rêvées par les hommes ». Mais elle n'abandonnera jamais le théâtre, jouant en 1986 pour Klaus Michael Grüber Le Récit de la servante Zerline, qui l'a «marquée à vie », avant d'être en 1989 La Célestine dans la mise en scène d'Antoine Vitez, qui marquera son retour au Festival d'Avignon. Un Festival qu'elle a traversé depuis les premiers jours aux côtés de Jean Vilar dès 1947 (La Tragédie du roi Richard II), puis en 1951 (Le Cid et Le Prince de Hombourg) et en 1952 (Lorenzaccio). Persuadée que jouer, « c'est faire tout entendre des mots des autres », elle sera la Merteuil du Quartett d'Heiner Müller, donné en lecture avec Sami Frey dans la Cour d'honneur en 2007, et portera la parole de Flavius Josèphe pour Amos Gitai dans La Guerre des fils de la lumière contre les fils des ténèbres en 2009.

À Rennes, c'est à la toute fin des années 70 qu'Étienne Daho chante pour la première fois aux très rock Transmusicales de Rennes. C'est le début d'une carrière qui fera de lui l'une des figures de proue de la pop hexagonale. Depuis Le Grand Sommeil qui le révèle, ses albums - Mythomane, La  Notte la notte, Pop Satori, Éden, Corps et Armes et plus récemment Réévolution et L'Invitation - connaissent tous un succès public, national et international. Parallèlement à ses projets personnels, il collabore avec Brigitte Fontaine, Jacques Dutronc, Jane Birkin, Alain Bashung, Françoise Hardy, Charlotte Gainsbourg, Vanessa Paradis ou encore Marianne Faithfull, et ose les reprises, avec Mon manège à moi d'Édith Piaf ou Comme un boomerang de Serge Gainsbourg. Amoureux de littérature et grand lecteur de poésie, ses goûts musicaux le portent autant vers la pop anglo-saxonne, le Velvet Underground, David Bowie que vers la chanson française, Léo Ferré ou Barbara. C'est en 1997 qu'il chante un extrait du Condamné à mort, intitulé Sur mon cou, avant de proposer à Jeanne Moreau de partager avec lui, dans un disque et sur scène, l'intégralité de ce poème où il retrouve tous les thèmes de la musique rock : « Le drame, la théâtralité, la poésie, le romantisme, la violence et le danger. »

JFP, mai 2011.