François Orsoni
C'est au retour d'un séjour professionnel en Californie que François Orsoni, spécialiste de macro-économie monétaire, décide de s'inscrire dans une école de théâtre. Il a alors vingt-sept ans et débute comme acteur, avant de s'intéresser à la mise en scène pour présenter successivement L'Imbécile et Le Bonnet du fou de Luigi Pirandello. Sa rencontre avec les comédiens Alban Guyon, Clotilde Hesme et Thomas Landbo, qui deviendront très vite ses compagnons de route, l'encourage à fonder, en 1999, sa propre compagnie : le Théâtre de NéNéKa. Plaçant la parole au centre de leur démarche artistique, François Orsoni et sa troupe d'acteurs questionnent successivement Pirandello, Pasolini, Boulgakov, Büchner, Olivier Py, Dea Loher, Maupassant et Brecht. Le choix de ces textes est très souvent lié aux lieux, intérieurs ou extérieurs, dans lesquels ils seront présentés, mais aussi aux acteurs qui les donneront à entendre. François Orsoni aime travailler avec de longues périodes d'improvisation permettant aux acteurs de créer dans une grande liberté. Soucieux de les faire évoluer dans des scénographies d'une extrême simplicité, il attend d'eux qu'ils deviennent des corps qui disent, au service d'un texte qui parle. Après Jean La Chance, c'est une nouvelle œuvre de jeunesse de Brecht, Baal, que la compagnie présentera pour sa première participation au Festival d'Avignon.
Bertolt Brecht (1898-1956) a vingt ans en 1918. Il est alors infirmier dans l'armée allemande et lit Der Einsame (Le Solitaire), une biographie du grand poète allemand Christian David Grabbe, rédigée par un futur chantre du nazisme, Hanns Johst. Déçu par cet ouvrage, il fait le pari d'écrire en quatre jours un meilleur texte sur cette figure de poète asocial et provocateur. Une première version de Baal est terminée à la fin de l'année, puis une seconde en 1919. Par la suite, Brecht retravaillera cette pièce à intervalles réguliers, proposant une ultime version en 1955, un an avant sa mort. Toute sa vie, l'auteur frondeur de L'Opéra de quat' sous et de Mère Courage sera hanté par ce texte qu'il ne mettra jamais en scène.
JFP, avril 2010