Cindy Van Acker
Le corps est l'outil privilégié de Cindy Van Acker. Elle travaille avec lui sans relâche, dans un souci de précision millimétrique : c'est la technologie de pointe qui façonne l'ensemble de ses spectacles. Formée au classique, danseuse au Ballet royal de Flandre puis à celui du Grand Théâtre de Genève, Cindy Van Acker acquiert, au milieu des années 90, le sentiment d'être parvenue au bout d'un chemin ; elle décide alors de considérer son corps autrement. Avec lui, elle invente une langue différente, le chorégraphiant selon une écriture minimaliste. « Le corps est ma force de proposition », explique-t-elle. Plusieurs pièces, qu'elle danse elle-même (Corps 00 : 00 en 2002) ou confie à d'autres (Fractie en 2003, Pneuma 02 : 05 en 2005, Kernel en 2007), soulignent ce travail formel qui explore les interactions entre le corps, l'espace, le temps et le son. Cindy Van Acker est aussi motivée par les rencontres : avec la création musicale, avec la technologie qui stimule ou capture les mouvements mais aussi avec d'autres artistes de plateau comme Romeo Castellucci. « Son travail m'a touchée profondément. Plus qu'une nouvelle base de réflexion, cela a été pour moi une rencontre ébranlante. » En 2005, le metteur en scène italien l'invite à la Biennale de Venise dont il dirige la section arts de la scène ; en 2008, alors qu'il est artiste associé de la 62e édition du Festival d'Avignon, il la sollicite pour l'accompagner dans la création d'Inferno, à la Cour d'honneur du Palais des papes.
Résultats d'une recherche expérimentale poussée, les quatre soli Lanx, Obvie, Obtus et Nixe sont autant d'occasions de découvrir l'œuvre de cette auteure chorégraphique, aux confins de la danse, de la performance et des arts plastiques. Interprétés par quatre danseuses distinctes, ils feront l'objet au Festival d'Avignon de deux programmes reliés par un fil rouge : la précision organique des combinaisons de mouvements qui, souvent au plus près du sol, dans le mystère de l'horizontalité, font que le corps se met à exister très fort.
ADB, avril 2010