Andreas Kriegenburg / Kammerspiele Munich
Originaire de l'ex-République démocratique allemande, Andreas Kriegenburg, après des études de menuisier, choisit de rejoindre le théâtre de sa ville natale, Magdebourg, considérant que c'est pour lui un lieu de possible liberté. Il y sera technicien, avant de devenir, à 21 ans, assistant à la mise en scène en 1984 à Zittau puis à Francfort-sur-Oder. C'est là, quatre ans plus tard, qu'il réalise sa première mise en scène. Après la chute du mur, il rejoint Berlin et la Volksbühne de 1991 à 1996. Son chemin le mène à la Schauspiel de Hanovre puis au très célèbre Burgtheater de Vienne qu'il quitte en 2001 pour devenir le principal metteur en scène du Thalia Theater de Hambourg. Aujourd'hui, il est Haussregisseur, artiste associé, du Deutsches Theater de Berlin. Durant toutes ces années, il a traversé la tragédie grecque, le théâtre de Shakespeare et de Tchekhov, comme le théâtre contemporain, allemand et européen. Son compagnonnage avec Dea Loher lui a permis de présenter une dizaine de pièces de cette auteure avec un très grand succès, en particulier pour sa dernière production Diebe (Voleurs) en janvier 2010. Son travail se manifeste par une recherche esthétique de grande qualité, mais aussi par une curiosité pour des textes non dramatiques qu'il adapte pour le théâtre. C'est le cas de Der Prozess (Le Procès) de Kafka qu'il met en scène en 2008 à l'invitation de la Kammerspiele de Munich, l'un des grands ensembles d'acteurs du théâtre allemand, invité cette année pour la première fois au Festival d'Avignon, tout comme Andreas Kriegenburg.
Le Procès est une des œuvres posthumes inachevées de Franz Kafka (1883-1924) écrite entre 1914 et 1917 mais publiée seulement en 1925, un an après son décès, par son ami Max Brod qui contrevenait alors aux volontés testamentaires de Franz Kafka. Composé de pièces et de morceaux, Le Procès est une sorte de puzzle littéraire qui, avec Le Château, La Métamorphose (seul texte publié du vivant de l'auteur) et L'Amérique, fait partie des œuvres majeures de celui qui a inventé un style unique et non dénué d'humour pour dire les angoisses et les incompréhensions de l'homme dans le quotidien d'un monde qui l'isole et l'inquiète, un monde froid et oppressant.
JFP, avril 2010