Alain Platel & Frank Van Laecke / les ballets C de la B
Orthopédagogue de formation, Alain Platel fonde en 1984, à Gand, un collectif de danse qui prend bientôt le nom des ballets C de la B. Artiste autodidacte, il apprend le métier de chorégraphe sur le tas et opte, dès ses débuts, pour le mélange des genres. Regroupant des interprètes issus de différents pays et mondes artistiques, ses spectacles articulent avec brio danse, théâtre et musique pour donner voix aux plus éprouvés. Un style engagé et empreint d'humanité, qui lui vaut rapidement une notoriété internationale. En 2003, Wolf, spectacle sur Mozart d'une étonnante vitalité, fait le tour du monde, enthousiasmant par sa dose peu commune d'exubérance et d'extravagance. Au faîte de la reconnaissance, Alain Platel choisit alors d'orienter son travail vers une danse plus introspective, simple, nerveuse, voire ascétique. De là quelques pièces d'inspiration nouvelle, telles vsprs d'après l'œuvre de Monteverdi, Nine Finger ou pitié !, sur une musique de Jean-Sébastien Bach. Alain Platel est venu plusieurs fois à Avignon, pour Bonjour madame en 1996, Bernadetje en 1997, Tous des indiens en 2000, vsprs en 2006 et Nine Finger en 2007.
En Belgique, la presse le surnomme « le magicien », pour son habileté à passer d'un art à l'autre. Frank Van Laecke aime mettre en scène pour les plateaux de théâtre et d'opéra, mais ne dédaigne ni les comédies musicales, qui ont fait sa réputation internationale (Hollywood by Night, Jesus Christ Superstar ou encore Jekyll & Hyde), ni les spectacles de grande envergure. Car il ne craint pas le divertissement et sait en jouer, poussant à fond le volume et la farce. C'est ainsi qu'il a monté ces dernières années Tintin et le Temple du soleil, The Prince of Africa, Dracula, Rembrandt, De Musical, Pirates Pirates !, Daens ou Booh !, série dirigée pour la chaîne de télévision VTM. Mais il peut très facilement revenir à une esthétique plus épurée et monter de façon rigoureuse Tchekhov ou de jeunes auteurs dramatiques flamands. Sur une idée de l'actrice transsexuelle gantoise Vanessa Van Durme, qu'il avait mise en scène en 2006 dans l'émouvant Regarde maman, je danse, il se penche aujourd'hui avec Alain Platel sur « le destin houleux de neuf personnes remarquables ».
ADB, avril 2010