Il y a 5 jours seulement je parlais pendant deux heures avec lui de Molière, notre amour commun et un peu secret. Et notamment de la mort de Molière. Ses mots me frappent aujourd’hui quand il me disait qu’il faut écrire un poème sur la mort. Mais qui en est capable ?
Ainsi m’a-t-il, nous a-t-il, laissé une ambition philosophique, mais avec un sourire et une douceur qui nous rendent supportables nos doutes et nos échecs.
Grand connaisseur du XVIIe siècle, il n'utilisait son abyssale culture que pour comprendre ce qui aujourd’hui dépasse toute anecdote. C’est dans ce va et vient entre le présent et l’héritage qu’il nous aidait à découvrir l’héroïsme de l’art comme une joyeuse énigme. C’était plus qu’un professeur c'était un Maître en cela qu’à son contact on en apprenait beaucoup sur soi-même. Et surtout il ne méprisait jamais rien ni personne, la plaisanterie devenait profonde et la profondeur plaisante.
Le théâtre lui doit beaucoup. Il a constamment identifié ce qui fait son prix et son avenir au delà des querelles de chapelle et des effets de mode.
Rabelaisien et délicat, naïf et fulgurant , libre penseur et consciencieux archéologue, il incarnait pour moi l’esprit français. C’est à dire une certaine manière d’être au monde ou la légèreté est une politesse et une manière de confesser l’indicible.
Enfin et par dessus tout quel ami il aura été pour ceux qui ont eu la chance d’être en sa présence. Paternel et fraternel, rassurant et séducteur, inspirant et sans concession. Le monde intellectuel et théâtral est orphelin de ses lumières et de son rire.
Olivier Py
Il avait rencontré les Jeunes reporters culture du Festival d'Avignon en 2016 et participé à plusieurs Ateliers de la pensée au Festival d'Avignon ces dernières années.