Sans doute pour la première fois dans l’histoire du Festival d’Avignon, les trompettes de Maurice Jarre ont été applaudies par le public avant chaque représentation. C’est le Festival en soi qui a été applaudi par son public, toujours fervent ; et à travers le Festival, la joie de retrouver la vie du spectacle et de penser, enfin, l’après pandémie.
Cette édition difficile à mettre en place, autant sur le plan de la programmation, de la production, de la logistique, de la billetterie, de l’accueil, que de la technique a été sauvée par l’engagement exceptionnel des équipes du Festival. Nous ne les remercierons jamais assez. Ils ont fait de ce festival un festival héroïque.
Une nouvelle Cour du Palais des papes y a été inaugurée ; cette cour plus démocratique, plus accueillante et plus belle, ouvre à ce lieu mythique des temps à inventer. La jeunesse qui y est venue la retrouvera pour les années qui viennent, comme un lieu à nul autre pareil.
L’ensemble de cette édition malgré deux spectacles annulés et une exploitation abrégée a connu une série de triomphes sans précédent. Une édition marquée par la diversité, et la présence des femmes, une édition qui selon son thème « se souvenir de l’avenir » a tenté de penser le futur, avec lucidité et espoir.
Mais remercions surtout le public qui a respecté avec patience et bienveillance les règles nécessaires qui lui étaient imposées. Le public à qui nous devons le succès de cette édition, a répondu présent massivement en dépit des difficultés et des inquiétudes qui pèsent encore sur tous. Comparativement à il y a deux ans le nombre de spectateurs n’a pas décru. On ne répètera jamais trop que le public est notre légitimité et que le servir reste notre première mission.
La prochaine édition sera ma dernière avant que Tiago Rodrigues ne me succède dans cette haute responsabilité. Il aura une année pour rencontrer les équipes et penser un projet qui, j’en suis certain, promet un bel avenir à l’utopie fondée par Jean Vilar.
Cette édition prochaine aura pour thème « le vrai et faux ». Questionnement à la fois politique et poétique, évidemment théâtral, et qui n’épargne aucune sphère de notre société en métamorphose.
La joie de cette édition a largement contrebalancé la tristesse d’avoir annulé la dernière. Le Festival a triomphé de tant de choses au cours de ces décennies. Il est l’exemple d’un immense effort collectif contre toutes les fatalités, et donc il est en soi une Espérance.
- Olivier Py, Directeur du Festival d’Avignon